« A single Man » de Tom Ford, critique


1962, Jim, professeur d’université à Los Angeles, vit reclus dans le deuil de son compagnon, décédé d’un accident de voiture quelques mois plus tôt. Seule sa meilleure amie, Charley (superbe Julianne Moore) pimente un peu sa vie. Il n’a goût à rien, il veut mourir.

Voici donc le fameux film de Tom Ford, le célèbre couturier, qui passe à la réalisation et a fait forte impression pour son premier film au dernier festival de Venise. Il faut effectivement constater que le film est doté d’une photographie et d’une utilisation du bruitage impressionnants. C’est d’ailleurs la stylisation à l’excès qui a déplu à certaines critiques, y voyant un film papier glacé, à l’image des très belles photos de mode dont Tom Ford est l’une des figures emblématiques. C’est vrai qu’en regardant le film, on se dit « tiens, ce mec doit bosser dans le milieu de la haute couture »…

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Mais est-ce un handicap ? Je dirais que ceci dépend des ressentis de chacun. Pour ma part, absolument pas. C’est beau, sensuel. Tom Ford sait très bien filmer les corps, la peau, les regards et leurs non-dits, le souffle léger d’un personnage. Cette élégance dans l’expression des caractères ne les rend pas moins terriblement humains…et ce n’était pas gagné compte tenu de l’excès de style. Ainsi au final, de l’émotion se dégage de toute cette histoire, de la mélancolie, de la tristesse, de l’ironie, de l’espoir…et surtout, une belle allégorie de la vie et de la mort, du couple et de la réussite de ce dernier. Des messages simples ponctuent donc ce film dont la photographie si léchée n’est qu’une façade, tout comme l’image que ce professeur véhicule de lui même. Elle n’est qu’un rempart contre l’extérieur. Rester parfait en apparence pour que rien ne le touche, rien ne l’atteigne. Qu’il puisse conserver tel un trésor l’image du bonheur brisé un soir de pluie. Qu’il puisse s’enfermer dans son deuil et dans son image si parfaite à l’extérieur comme dans un écrin.

Bien entendu, celui qui porte le film est Colin Firth, pour qui la coupe Volpi du meilleur acteur (dernier festival de Venise) était une évidence. A 49 ans, le Valmont de Milos Forman trouve le rôle de sa vie…un rôle à la Dirk Bogarde dans « mort à Venise ». Il exprime avec déconcertance la solitude, la tristesse, le manque de l’autre. Il faut voir la façon dont il pleure à l’annonce de la mort de son homme. Impressionnant de nuances.

Julianne Moore est très bien castée en meilleure amie, sublime quarantenaire qui vit là les derniers feux de sa beauté fatale sans avenir aucun. Bien d’autres personnages traduisent un homoérotisme qui a fait sourire la salle. Il faut dire qu’il y va fort ce cher Tom Ford et qu’on ressent bien son amour de la beauté des hommes. Un traitement du corps et du regard d’habitude réservé à la gente féminine. Et puis il y’a Nicolas Hoult, mon pari sur les jeunes acteurs en devenir. Parfait en ange de la dernière chance. Il imprime la péllicule et cette fois-ci, j’en suis certain, ce sera une star, demain…avec « Le choc des titans » puis « Mad Max, furry road ».

Vous l’aurez compris, j’ai aimé ce film, loin d’être sans reproches mais d’une classe qui force le respect, dont les acteurs sont à l’unisson d’un Colin Firth brillant, sur une thématique très belle et dont la principale force est de prendre son temps pour faire filtrer les émotions au moment juste. Le twist final est impérial. Un film tenu de bout en bout avec un soucis du détail vraiment plaisant. 

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2 Réponses à “« A single Man » de Tom Ford, critique”

  1. yves dit :

    Je partage ta critique à chaud!!!
    On peut en effet être dubitatif sur le côté papier glacé mais c’est très bien foutu et le mèlo est très bon.
    Ce film m’a rappelé le film de Tod haynes dont je ne me souviens plus du titre …avec déjà la sublime juliane Moore.
    L’ambiance des sixties est très bien reconstituée et j’ai beaucoup aimé la reconstitution de LA…Il y fait beau, on y vient plein de rêves et puis…la désillusion vous guête à chaque recoin!
    A voir

  2. yvan dit :

    tu penses à « loin du paradis ». J’avais bien aimé, ça se passait à la même période, une femme vivant très mal l’homosexualité de son mari. Mais l’esthétisme était moins poussé que dans le film de Tom Ford.

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