« X-men first class » – Critique
« X-men first class » est l’adaptation très attendue d’une série de comics books déclinant les célèbres X-men au tout début, lors de la création de l’école du professeur Xavier et l’histoire de l’amitié puis de la lutte entre Xavier et Magneto.
L’objectif clairement affiché du long métrage était de faire oublier les deux derniers films de la franchise, catastrophiques sur le plan artistique. Le troisième volet des « X men, l’affrontement final » avait été mis en boite par Brett Ratner, l’homme qui a pondu les complètement débiles « Rush hour ». Un réalisateur assez mauvais, sans odeur et sans saveur. Le résultat était bourrin et sans aucune personnalité là où Bryan Singer, le réalisateur de « Usual suspects » avait réussi à insuffler d’excellentes idées dans les deux premiers X-men.
Rassurez-vous, le pari est non seulement réussi mais dépasse même toutes les attentes.
En effet, l’équipe de production utilise habilement le contexte socio politique de l’époque des années 60. Le film est intelligent et surfe sur une uchronie à la manière des « Watchmen » pour marquer les racines des prises de consciences des mutants mais avec le fun et la nonchalance des sixties. La musique, les costumes et les codes couleurs ancrent la naissance de leur positionnement politique dans une période où les plus grands dangers et les plus grands espoirs se côtoyaient.
Le fait que Xavier et Magneto recrutent des adolescents accentue cette impression de jeunesse et d’idéal, sans sombrer dans la noirceur lourde d’un star wars. Et pourtant, la relation Xavier / Magneto fait penser à celle entre Obi-Wan Kenobi et Anakin Skywalker alias Dark Vador tandis que celle qui lie le méchant Sébastien Shaw (Kevin Bacon) à Erik – Magneto ressemble à celle unissant Anakin et l’empereur Palpatine. Seulement voilà, alors que Georges Lucas nous a pondu un gros pudding indigeste, Matthew Vaughn livre un film aérien, clair, subtil, bref, très réussi.
D’abord parceque le scenario prend le temps sur quelques scènes de rendre crédible l’amitié et le respect des deux personnages et parceque les acteurs ont un charisme évident. James McAvoy tord le cou au coté froid et intello de Xavier en montrant un homme brillant mais jeune et fêtard tout en restant « so british ». Michael Fassbender apporte à son Erik – Magneto une subtilité et une graduation dans la violence que même l’excellent Ian Mckellen restituait moins bien en vieux Magneto dans les premiers X-mens. L’acteur donne à son personnage assez de froideur et de masculinité bien frappée mais aussi de fêlures pour nous le rendre sympathique et comprendre son choix. Et quoi de plus idéal qu’un futur méchant que l’on comprend…Fassbender explose à l’écran et sera la méga star de demain puisqu’il sera omniprésent l’an prochain (le prequel d’Alien de Ridley Scott, le prochain Cronenberg, Danny Boyle…).
La réussite est aussi celle du méchant de ce premier opus, qui n’est pas délaissé au profit de Fassbender, bien au contraire. Sébastien Shaw est campé par un Kevin Bacon inspiré et pour une fois aidé de seconds couteaux nombreux et dangereux, peu développés dans leurs caractères mais suffisamment inquiétants. Il y a deux équipes très équilibrées entre les bons et les méchants et les frontières demeurent minces.
Les jeunes X men sont quant à eux bien exploités pour ne pas finir étouffés en simple faire valoir. Bryan Singer, réalisateur des deux premiers films et co-scénariste et producteur sur celui-ci, a su préserver des arcs scénaristiques parallèles comme celui qui lie Mystique à Beast. Mystique était muette dans les autres « X men ». Ici elle a enfin une personnalité et une histoire. Beast est joué par l’excellent Nicolas Hoult, qui incarne l’autre facette de cette allégorie du racisme et de la lutte pour le droit à la tolérance et à la normalité. En pleine période de lutte pour les droits civiques des noirs, ce récit sixties prend encore plus d’ampleur, bien que ce thème ait déjà été abordé dans X men 1 et 2.
Les effets spéciaux sont maitrisés et le scenario réserve son lot se surprises, y compris de trouvailles de mise en scène comme lors de l’entrainement.
Mais ce fond intelligent si rare dans un blockbuster n’est jamais développé au détriment de l’action. Tout comme dans un bon comic book, il n y a pas de lenteurs. Et comme Matthew Vaughn nous empile des scènes intimes et des vrais scènes dignes d’un James Bond, la sauce prend. Pourtant, si j’avais apprécié son film de fantasy « stardust, le mystère de l’étoile » et son humour, j’avais peu adhéré à son « Kick Ass » l’an dernier. Le film m’avait plutôt ennuyé pour sa fausse irrévérence. Ici, l’aspect badass assumé et l’écriture des personnages permet au film d’atteindre un statut rare dans celui des films de supers héros, celui d’étalon. Il est à ce titre à classer du côté de « Batman, the dark knight« , « Watchmen« , ou « spiderman » même si perso Spiderman et son traitement patriotique par Sam Raimi me gonflèrent très sérieusement.
Bref, le film est très bon bien que tourné-monté en très peu de temps. Chapeau bas à Matthew Vaughn, Bryan Singer et leur équipe de production. X men va probablement repartir sur une nouvelle série fort sympathique.
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