Les meilleurs films de l’année 2011 du blanc lapin ! – Partie 1 : N°15 à N°8
Après « les pires films de l’année » du blanc lapin, voici ceux qui m’ont le plus marqués en 2011. Je vous laisse une critique raccourcie écrite par mes soins pour ces numéros 15 à N°8.
Les premiers feront l’objet d’une seconde publication.
N°15 – « Fighter » de David O.Russel
Avec « Fighter », David O.Russel, réalisateur « des rois du désert », reprend un projet avorté de Darren Aronofsky, et sauvé par Mark Wahlberg, croyant dur comme fer au scénario. L’acteur doit être fier de sa persévérance. Le résultat s’avère brillant. La qualité fondamentale du film repose sur la prestation de Christian Bale, qui nous rappelle qu’avant d’être Batman, il est surtout un acteur caméléon incroyable. Le film est donc un récit du lutte acharnée de deux frères, l’un ex-petite star ayant raté sa carrière à cause de la drogue et son cadet étant l’espoir de la famille, en passe de devenir une étoile terne et éteinte avant son apogée. Le premier voit dans son petit frère une seconde chance de rattraper sa fierté, de réparer son passé, mais la drogue est plus forte. Tout l’entourage familial, lourd car accroché au héros de la famille, permet de dresser un état des lieux de l’Amérique profonde des quartiers pauvres, une Amérique de gens gros et obèses, sans travail et sans talents, le contraire de l’image véhiculée par les médias américains. Et la peinture n’a rien de l’apitoiement puisque la plupart des personnages dont la mère et les sœurs sont soit intéressées et dans une relation malsaine à leur frère soit dans un rapport exclusif d’adoration castratrice. L’argent ne fait pas le bonheur mais quand on n’en n’a pas, on se raccroche au seul espoir, l’individu de la famille qui peut en gagner. Il représente l’espoir de faire manger tout le monde mais aussi un rêve, une ascension sociale impossible aux autres. Une fierté comme bouclier contre les misères du quotidien.
Les combats sont filmés sans ralentis inutiles et avec un réalisme des plus froids, à l’unisson, du reste du long métrage, cru. La sueur ça pue, David O.Russel la montre. Et c’est tant mieux. On ressort donc du film grogui et ému, en ayant vu l’un des meilleurs films du genre depuis longtemps, bien longtemps.
N°14 – « Même la pluie » de Iciar Bollain
En 2000, une équipe de production vient en Bolivie tourner un film sur la conquête espagnole par Christophe Colomb. Le réalisateur est jeune et souhaite montrer l’horreur du génocide espagnol. Mais dans cette période antérieure à l’arrivée au pouvoir d’Evo Morales, la situation sociale sur place est tendue. Les indiens qu’ils engagent pour devenir figurants sont préocupés par un autre problème, la privatisation par le pouvoir du système de gestion de l’eau dans la ville de Cochabamba. Et très vite, ces derniers désertent le plateau de tournage pour aller manifester.
Paul Laverty est le scénariste attitré de nombre de films de Ken Loach et on retrouve bien sa pâte dans cette histoire de combat social auquel Iciar Bollain apporte un talent de mise en scène indéniable, moins documentariste que celui qu’aurait adopté Loach.
Le film montre à quel point la bonne conscience des occidentaux présente ses limites face au colonialisme et aux traces qu’il a laissé dans l’histoire. Les intellectuels et défenseurs des droits de l’homme s’indignent du sort des Quechuas et autres peuples mayas ou incas massacrés par Pizzaro, Cortez ou Colomb. Mais quand il s’agit s’assumer ce passé, de se confronter à la pratique, à la réalité d’un peuple qui subit toujours l’exploitation des blancs, le discours reste théorique. Les individus se réfugient derrière la non-ingérence, derrière le fait que la mondialisation est un fait et que donc payer 2 $ par jour un figurant c’est normal et c’est tant mieux. Un gouvernement corrompu qui vend à la découpe les sociétés de gestion de l’eau à des multinationales, c’est certes le prolongement d’un long pillage et d’une longue exploitation des terres et d’un peuple d’amérique latine. Mais que peut on y faire ? C’est l’histoire…oui, mais l’histoire ne s’arrête pas aujourd’hui. On préfère fuir et se pencher sur les erreurs d’il y a plusieurs siècles, c’est plus confortable. Mais rassurez-vous, le film n’a rien de moralisateur, il fait juste un constat, pas très glorieux pour nous, certes. Iciar Bollain montre avec une grande finesse cette culpabilité qui s’exprime dans l’art mais pas dans les gestes car les vrais acteurs de leur vie, ce sont ceux qui crèvent de cette exploitation sur place, ceux qui se révoltent pour virer leurs dirigeants usurpateurs. Les personnages sont tous très bien interprétés de Gael Garcia Bernal à Luis Tosar, dont le visage buriné impose une force et un regard particulièrement à propos pour son personnage.
Le sujet du film comme son déroulé et sa mise en scène sont donc une excellente surprise, une bouffée d’émotion et d’humanité, une grande claque à notre hypocrisie et notre vision nombriliste du bien être de l’humanité.
N°13 – Animal kingdom de David Michôd
David Michôd signe pour son premier long métrage un coup d’éclat, incisif et froid, comme la mentalité des individus qui composent cette famille de criminels, un long métrage récompensé par le 1er prix du festival de Sundance 2010, à juste titre.
En nous plongeant dans la vie quotidienne de ces fauves ni mafieux irlandais ni italiens, mais qui fonctionnent en clan, il nous montre à quel point le crime pour l’argent peut détruire ce lien familial justement et l’ériger en simple chaine qui lie des êtres seuls et perdus dans les tréfonds de leurs crimes. Car il n est pas question de sentiments fraternels ici, les hommes du clan ne s’aiment pas, ils chassent ensemble et se protègent car les forts ont besoin des faibles et inversement. L’humanité disparait pour laisser place au règne animal, le titre du film étant parfaitement choisi.
Et entre animaux, on sacrifie le plus faible pour sauver la meute en danger, sans regrets aucun. A ce titre le scénario fait froid dans le dos. Il n’y a pas d’honneur, de culpabilité et d’amour, juste un lien, l’argent, et une règle, survivre pour soit, ce qui nécessite l’unité.
Animal kingdom est un film choral porté par d’excellents comédiens aux caractères bien identifiés, centré sur une cellule familiale pervertie par l’intérêt commun, l’absence d’acte délibérément désintéressé vis à vis des siens et le poids des origines. Doit on les renier lorsque l’on sent qu’elles sont mauvaises et néfastes pour soit et pour les autres ? Dans les deux cas il s’agit du parcours d’indépendance d’un être que tout condamne à plonger dans la même marée que ses ainés. Un film sur l’identité, un excellent premier film australien, à ne pas manquer.
N°12- « 127 heures » de Danny Boyle
Avec « 127 heures » Danny Boyle prouve de nouveau qu’il est un touche à tout brillant puisqu’après l’adaptation de roman culte (« trainspotting »), le petit film noir très british (« petits meurtres entre amis »), le film de SF référencé (« Sunshine »), le film à oscars united colors of Bennetton (« slumdog millionaire ») ou le film de zombies décalé (« 28 jours plus tard »), il revient en très grande forme cette année et prouve de nouveau son éclectisme.
Ses détracteurs lui reprochent de privilégier la forme au fond. Il est vrai que question mise en scène, il atteint des niveaux de très haute facture. En utilisant tous les procédés, le split screen, le zoom à fond les vélos et toujours une caractéristique commune à tous ses longs métrages, une bande-originale décapante, au service de son histoire et du ressenti émotionnel du personnage.
Or au niveau de cet acteur quasi unique à l’écran, Boyle a fait la bonne pioche. James franco est tout simplement brillant. On ne voit que lui, on a très très peur de s’ennuyer durant son calvaire de 127 heures mais au final, l’animal dispose d’une palette de jeu riche et variée.
Boyle met en image l’immensité des paysages et la petitesse de l’homme de façon extrêmement simple, opposant sans cesse la bulle consumériste et technologique dans laquelle nous vivons aujourd’hui, détachés de la réalité, à la majesté de ces montagnes de l’Utah.
Danny Boyle dépeint au passage une manière d’appréhender la vie pour une génération de trentenaires globe-trotters, plus souvent portés vers ce type d’expérience que leurs ainés. Pour ma part, le film m’a touché particulièrement puisque j’ai connu ce sentiment d’abandon. Pas durant 127 heures, quatre seulement mais une éternité. C’était il y a quatre ans, dans un désert d’Argentine, la voiture embourbée dans le sable, sans eau, sans possibilité d’utiliser les portables, à marcher des heures pour trouver de l’aide dans un milieu où l’homme ne vit pas. J’ai vraiment connu le sentiment du personnage de « 127 heures », ce moment où l’on se dit que c’est très con mais que l’histoire va s’arrêter comme cela, pour un truc bête, pour ma part une erreur d’aiguillage. Tout d’un coup la nature devient hostile mais apaisante. L’idée fait son chemin. Et pourtant jusqu’au bout, l’instinct de survie est là, jusqu’au bout on cherche toutes les possibilités et on n’abandonne pas. On se résigne à la mort tout en gardant son sang froid et en tentant une issue. C’est très particulier comme expérience et ceci permet de mettre de la distance entre les contraintes du quotidien et les objectifs de vie, même si le stress revient au galop. Danny Boyle ne tombe à aucun moment dans le pathos gratuit. Il signe un film à la fois fun et détaché, certes tape à l’oeil mais pour ma part tout est question de virtuosité dans la mise en scène.
N°11- « Le discours d’un roi » de Tom Hooper
Ce film du jeune Tom Hooper, conte une petite histoire dans le tumulte de la grande et un casting impressionnant.
C’est le genre de film qui m’exaspère et tombe très vite dans le sirop pour s’y engluer définitivement. Mais voilà, dans ce film, l’idée géniale du réalisateur est de justement profiter de ce quasi huit clos entre deux acteurs monstres (Colin Firth et Geoffrey Rush) pour raconter de façon fort originale un moment clé de l’histoire tout en livrant devant nous la naissance d’une très belle amitié.
Les rapports entre la royauté et le petit peuple sont parfaitement retranscrits, donnant à voir à quel point un monarque britannique peut se sentir dévoué à son « métier » mais très loin de la réalité, ne côtoyant jamais ses sujets et se sentant finalement extrêmement seul.
La truculence du médecin campé par Rush se confronte alors en permanence à la suffisance de ce roi. Un roi qui se refuse à perdre de sa superbe en acceptant d’avoir recours et besoin d’un prolétaire et surtout, de reconnaitre qu’il devient peu à peu son ami, son confident et un homme indispensable à sa fonction.
Le réalisateur arrive donc à dresser deux portraits des deux cotés de la barrière, à ciseler avec finesse ce qui fait qu’une amitié peut naitre entre deux individus que tout oppose. Mais surtout, il laisse aux deux acteurs la pleine mesure de leur talent, en optant volontairement pour une mise en scène très sobre et un choix de lieux limité et relativement épurés, afin que le spectateur se sente comme un patient, en confiance dans le décor. Ce film drôle et loufoque remporte donc tous les suffrages, même si d’élections, il n’est pas question ici, bien au contraire !
N°10 – « the Tree of life » de Terrence Malick
Terrence Malick était attendu pour ce long métrage tel le messie, le film ayant mis cinq ans à sortir des tiroirs et 35 à sortir de sa tête. Malick est un réalisateur rare et culte, respecté de tous pour son intégrité jusqueboutiste et son amour de la nature, pour la quasi perfection de ses oeuvres, des « moissons du ciel » au « nouveau monde« .
Son film a été accueilli par des sifflets lors de sa projection cannoise, symbole d’une attente cinéphile un peu trop forte et d’une réaction des critiques toujours aussi imbécile. On aime brûler ses icônes, quitte à le faire sans réfléchir.
Il faut dire que son film s’avère être d’une naïveté confondante, d’un lyrisme appuyé par une bande-son aux coeurs angéliques qui peut faire sourire pour un peu qu’on regarde son travail d’un air narquois.
Des chuchotements de phrases philosophico-religieuses ponctuent un récit au final ultra croyant en un dieu, EN un créateur, en cette nature si belle et si fragile. Un film qui rendra donc réfractaires les personnes athées et plus sensibles les croyants et les agnostics.
La mise en place de l’histoire est assez longue via une succession de tableaux de toute beauté sur la création du monde, comparable forcément à l’introduction culte de « 2001, l’Odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick où l’on voyait des singes découvrir l’utilisation de l’outil et envoyer un os en l’air qui se transformait en vaisseau spatial.
Le film est déroutant à bien des titres. On est chez du pur Malick, son film le plus personnel, qu’il couve depuis qu’il a 30 ans, une ode à la nature et à la magie de la création, de l’évolution, de la vie et une relativisation des codes sociaux au regard de l’immensité de cette nature. L’homme et sa fierté, son égo, est bien peu de choses et passe à côté de l’essentiel.
Terrence Malick arrive à capter la construction d’un individu, d’un caractère par des sons et des images découpées de la vie quotidienne d’un jeune garçon des années 50. On le voit avec ses deux frères, sa mère douce et soumise et son père dur et soucieux d’élever des trois garçons à la baguette car la vie est pour lui une lutte où seuls les forts s’en sortent. Tiraillé entre les deux, entre la force et la douceur de cette même nature qui l’a créé, son père et sa mère, il va adorer l’une et détester l’autre avant d’en accepter la dualité, d’accepter la violence et la cruauté du destin, et de se tourner vers la foi en la création comme seul véritable réponse au sens de sa vie. « Père, mère, je vous porte en moi« déclare Jack. Un beau résumé du film, un film sur l’acceptation de ses racines, et leur dépassement, qui est le sens même de l’évolution, au sein d’une espèce, au sein d’une vie d’homme, de l’infiniment grand à l’infiniment petit, tout est question de cycle.
La narration ou l’absence de narration est donc la clé de voute de ce poème, de cette prière qui divisera encore longtemps les critiques. Un vrai parcours spirituel vers Dieu. La mise en scène est sublime, les plans séquences contemplatifs, la photographie impeccable. Malick reste humble face à son propos. Son oeuvre est inclassable et lumineuse, de l’éveil à la mort tout comme à l’amour.
Il nous donne à voir un questionnement sur le sens de la vie et de l’évolution. Pourquoi connaitre tant de sentiments variés si c’est pour mourir de façon aussi rapide et vivre de façon aussi éphémère qu’un être moins évolué et moins doté de cette intelligence ? A quoi sert alors cet aboutissement supposé qu’est l’homme ?
N°9 – « X-men first class » de Matthew Vaughn
« X-men first class » est l’adaptation très attendue d’une série de comics books déclinant les célèbres X-men au tout début, lors de la création de l’école du professeur Xavier et l’histoire de l’amitié puis de la lutte entre Xavier et Magneto.
L’objectif clairement affiché du long métrage était de faire oublier les deux derniers films de la franchise, catastrophiques sur le plan artistique. Rassurez-vous, le pari est non seulement réussi mais dépasse même toutes les attentes.
En effet, l’équipe de production utilise habilement le contexte socio politique de l’époque des années 60. Le film est intelligent et surfe sur une uchronie à la manière des « Watchmen » pour marquer les racines des prises de consciences des mutants mais avec le fun et la nonchalance des sixties. La musique, les costumes et les codes couleurs ancrent la naissance de leur positionnement politique dans une période où les plus grands dangers et les plus grands espoirs se côtoyaient.
Le scenario prend le temps sur quelques scènes de rendre crédible l’amitié et le respect des deux personnages et parceque les acteurs ont un charisme évident. James McAvoy tord le cou au coté froid et intello de Xavier en montrant un homme brillant mais jeune et fêtard tout en restant « so british ». Michael Fassbender apporte à son Erik — Magneto une subtilité et une graduation dans la violence que même l’excellent Ian Mckellen restituait moins bien en vieux Magneto dans les premiers X-mens. L’acteur donne à son personnage assez de froideur et de masculinité bien frappée mais aussi de fêlures pour nous le rendre sympathique et comprendre son choix. Et quoi de plus idéal qu’un futur méchant que l’on comprend… Les effets spéciaux sont maitrisés et le scenario réserve son lot se surprises, y compris de trouvailles de mise en scène comme lors de l’entrainement.
Mais ce fond intelligent si rare dans un blockbuster n’est jamais développé au détriment de l’action. Tout comme dans un bon comic book, il n y a pas de lenteurs. Et comme Matthew Vaughn nous empile des scènes intimes et des vrais scènes dignes d’un James Bond, la sauce prend. Ici, l’aspect badass assumé et l’écriture des personnages permet au film d’atteindre un statut rare dans celui des films de supers héros, celui d’étalon. Il est à ce titre à classer du côté de « Batman, the dark knight« , « Watchmen« , ou « spiderman » même si perso Spiderman et son traitement patriotique par Sam Raimi me gonflèrent très sérieusement.
Bref, le film est très bon bien que tourné-monté en très peu de temps. Chapeau bas à Matthew Vaughn, Bryan Singer et leur équipe de production. X men va probablement repartir sur une nouvelle série fort sympathique.
N°8- « Une séparation » d’Asghar Farhadi
L’ours d’or 2011 est un film brillant et original sur la place de la femme en Iran mais aussi l’investissement de l’homme et son positionnement dans le cercle familial.
Une mention spéciale doit être faite au casting (Sareth Bayat, Sarina Farhadi, Leila Hatami, Kimia Hosseini, Shahab Hosseini) , irréprochable et récompensé par l’ours d’argent tant pour la distribution féminine que masculine. Il est vrai que le film repose énormément sur eux mais aussi sur son scénario, malin, qui part d’une situation banale pour embrasser une étude de moeurs originale car peu vue au cinéma, celle du couple en Iran aujourd’hui, vu de l’intérieur.
La comparaison est donc faite des rapports sociaux entre une classe moyenne qui s’en sort et vit confortablement et une classe sociale pauvre, davantage tournée vers la religion. Que veulent dire justice et morale dans chacun des couples et quelles en sont les limites quand la survie de la famille en dépend ? Ces thèmes vont se dessiner peu à peu à partir d’une histoire a priori simple qui va basculer à cause d’un accident.
Au-delà du drame et de la tension de l’excellent scénario, l’intérêt majeur est donc cette vision moderne qu’il renvoie de l’Iran. Le couple qui se sépare est ancré dans le 21ème siècle. Nader éduque sa fille pour qu’elle soit libre et indépendante, qu’elle fasse ses propres choix et ne dépende de personne et surtout pas des hommes. D’ailleurs c’est sa femme qui souhaite partir pour vivre à l’étranger et ne plus supporter les contraintes sociales et politiques. Mais il ne la retient pas, il la laisse libre. Et à trop vouloir jouer à cette modernité, elle qui voudrait qu’il la retienne et lui trop fier pour lui courir après, ne va t-on pas vers une désagrégation du couple plus inéluctable ? C’est qu’en milieu européannisé, on se sépare plus vite car les carcans religieux et sociaux ont bien moins d’emprise pour faire tenir un couple dans la tourmente.
Mais le réalisateur ne critique pas l’Occident, non, il tente de comparer les deux voies pour en faire ressortir les défauts inhérents. La voie religieuse du couple pauvre qui accuse n’est pas non plus la plus solide puisqu’au nom d’un honneur sur la base du Coran, on préfère mentir à son conjoint et travestir le tout. Au final, le mensonge et la peur de renoncer à sa fierté sont partout et aboutissent à la même chose. La liberté ou la contrainte de dogmes n’y font rien. Quand la confiance n’est plus là, que les règles propres au couple lui même sont violées, ce dernier explose.
« Une séparation » parle des tabous de ce grand pays et de leurs limites très rapidement atteintes. Il parle aussi de la fin de l’adolescence, de l’entrée dans l’âge adulte, dur, où il faut apprendre à vivre à plusieurs et séparément car les parents disparaissent, les couples ne sont pas éternels, et la fierté de l’individu reste au final un point de repère essentiel pour suivre une route, quelle qu’elle soit.
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