« Dark Shadows » de Tim Burton – critique

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J’ai beaucoup bavé sur Tim Burton depuis deux ans et demi que je tiens ce blog, et en particulier sur la collaboration entre les deux amis que sont Johnny Depp et Tim Burton. Il faut dire que j’aimais beaucoup l’un comme l’autre à leurs débuts. Grand fan de « Batman le défi« , « Edward aux mains d’argent » « Ed Wood » voire même « Sleepy Hollow« , j’ai hélas constaté le déclin artistique de Tim Burton au cours des années 2000.

Non, son remake de « la planète des singes » n’était pas un accident de parcours mais le début d’une nouvelle carrière en roue libre, où Burton allait utiliser jusqu’à épuisement la marque de fabrique qu’il avait créée. Voir et revoir ses arbres torturés, ses femmes blanchâtres et ses êtres incompris de tous avait un goût de redite, de facilité, de « copier coller » insupportable. Et constater que Johnny Depp participait à cette caricature, lui, brillant acteur, tout en ne faisant que de mauvais choix mercantiles, ne faisait qu’enfoncer le clou.

Alors, « Dark shadows », projet porté par Depp lui-même, grand admirateur de la série Tv américaine des années 60, allait-il relever le niveau ?

Et bien à ma grande joie, oui. Le film n’est pas mémorable, mais il est distrayant et évite la plupart des écueils reprochés au duo ces dernières années.

En confiant le rôle du vampire Barnabas Collins à Johnny Depp et en voyant les premières bandes-annonces hystériques, on pouvait craindre un mixte entre le sirop de « Charlie et la Chocolaterie » et le désincarné chiant de « Alice au pays des Merveilles« .

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Fort heureusement, ce vampire là est sobre et oblige Johnny Depp à le rester et à éviter d’en faire des caisses. Il est peinturluré certes mais il est bon dans le job, c’est déjà cela.

Le plaisir de revoir Michelle Pfeiffer vingt ans après son rôle de Catwoman est bien entendu rempli et surtout, la méchante incarnée par Eva Green a de la classe et des cassures qui la rendent attachante. Enfin, peut être pas assez… Et c’est peut être là le premier gros défaut du film, son rythme. Trop rapide, il enchaine les situations sans vraiment laisser le temps de se laisser apprivoiser par chaque individu de la famille. Burton en vire d’ailleurs certains comme si le trop plein de personnages empêchait la lisibilité du rapport entre les autres. C’est un peu le ventre mou du film que ce manque de liant et d’attachement entre les personnages. Ce sont des êtres à part certes mais deux ou trois scènes en plus auraient permis de faire monter le gâteau plus haut.

D’un point de vue visuel, « Dark shadows » rappelle les plus belles réussites de Burton, le baroque de « Sleepy hollow » ou la chasse aux sorcières de « Edward aux mains d’argent« . Burton continue de s’auto-référencer mais il le fait sans cannibaliser l’histoire. Vous retrouverez donc les codes du film Burtonien, les femmes blafardes, les bois gothiques en pleine nuit, le manoir hanté, les êtres anormaux exclus de la société. Et puis l’humour revient, moins balourd car dosé, contrairement à ce que laissait présager la bande-annonce. Le second degré n’est pas permanent et il aurait été fatal au film, au même titre que les chansonnettes sérieusement gonflantes de « Sweeney Todd« .

Quelques idées de mises en image resteront comme ce fantôme qui rejoue sa mort ou le craquellement de peau d’une sorcière, allégorie de la fragilité de cet être seul, déjà utilisé par Terry Gilliam dans « Les frères Grimm » mais il y a pire comme inspiration.

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On pourra en revanche regretter l’histoire d’amour torchée en deux minutes, Burton n’a jamais été très fort là dedans à part pour Edward … de même qu’une fin bâclée et d’une rapidité à l’image du reste du film. Peut être Burton a t il cru qu’en courant vite, on verrait moins ses défauts, moins le manque de substance de ses scénari, le manque de profondeur de ses adorables freaks.

Et pourtant, déguster un Burton comme il se doit, à savoir comme un objet filmique gothique et léger n’a rien de mineur. C’est un cinéma bis qu’a déterré Burton, les films de la Hammer, les films de monstres, ont façonné l’inspiration de sa carrière. On a porté aux nues Tim Burton pour son génie visuel et son imaginaire de carnaval morbide mais peut être a t on oublié qu’il n’était pas un homme porté sur des sujets plus graves, plus denses. Et ce n’est pas un reproche. Il faut juste peut être remettre Tim Burton à sa juste place, celle d’un créateur visuel de divertissements gentiment gothiques mais pas plus. Et au final, en cachant sa misère scénaristique derrière cette fluidité rapide, « Dark shadows » réussit au moins à renouer avec de beaux moments visuels voir poétiques tels qu’on n’en n’avait pas vus depuis longtemps chez l’animal. Que Burton retrouve sa liberté et peut être tente de nouveaux univers baroques et sa carrière repartira sur de nouveaux horizons. Espérons que ce moyen « Dark shadows » marque la fin d’une décennie pauvre et triste d’un point de vue créatif. C’est tout le mal que je souhaite au duo Tim Burton et Johnny Depp.

2 Réponses à “« Dark Shadows » de Tim Burton – critique”

  1. ptiterigolotte dit :

    Excellente critique !

  2. Ornella dit :

    Pour le début, je suis de ton avis, il est clair que Burton a connu un certain déclin depuis les années 2000, moi qui aimais tant ses films avant et dont mon préféré reste Edward aux mains d’argent, je ne comprenais plus trop où nous allions.

    J’ai pourtant regardé Dark Shadows et j’ai par contre été extremement déçue. Je me suis vraiment ennuyée et j’ai trouvé l’histoire risible, en particulier la love story. Tu peux lire ma critique plus en détails sur mon blog : http://www.ornelladallery.com/2012/09/26/dark-shadows-tim-burton-ou-son-jumeau-malefique/

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