« Zero dark Thirty » de Kathryn Bigelow – critique du Blanc Lapin

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Après « Démineurs », Kathryn Bigelow s’intéresse de nouveau aux soldats de l’ombre, ici à ceux de la CIA qui ont traqué Oussama Ben Laden de 2001 au 2 mai 2011 et son exécution par un groupe des forces spéciales américaines.

En fait Bigelow voulait déjà réaliser un film sur cette traque à partir de documents qu’elle a réussi à se procurer avec son équipe de scénaristes, quand Ben Laden fut exécuté. Et là son projet est devenu prioritaire pour le studio et entra en phase de production accélérée, avec une fin modifiée forcément.

Ici la réalistrice donne à Jessica Chastain le premier rôle et permet à l’actrice d’accéder à un rôle un peu plus etoffé que dans « Tree of life » ou « La couleur des sentiments ». Mais ne nous y trompons pas, le film n’est pas une ode féministe pour autant et Bigelow traite toujours avec la même âpreté les rapports virils entre tous ces mecs hypers intelligents et/ou formés au combat. Le personnage est juste tenue de se glisser dans leurs codes et d’être dix fois plus tenace pour prouver qu’elle tient le bon filon.

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La réalisatrice arrive à dérouler un récit compréhensible malgré la complexité des pistes et même à créer une tension là où pourtant le monde entier connait le final. La rigueur du déroulé de l’histoire sans intellectualisation des raisons de la traque ou des choix politiques donnent une épaisseur certaine, une distance qui force le respect.

Son film nous fait suivre chaque pas des enquêteur dans un style quasi documentaire et dénué de tout patriotisme, de sentimentalisme qui aurait pourtant été facile à loger à bien des endroits. Non, elle film des hommes et des femmes au métier ingrat et inhumain, qui ont une mission et sacrifient toute vie privée pour l’atteindre. Des professionnels brillants qui ont le sens du devoir mais sont finalement des êtres seuls qu’on n’envie pas franchement.

Le film ne juge à aucun moment terroristes ou américains cherchant à les capturer. Bien au contraire, nombreux sont ceux, dont pas mal de républicains, à avoir créé la polémique autour du film pour avoir montré les techniques de la CIA de manière crue et sans aucune concession. Dès le début, la torture est une arme clairement utilisée pour interroger les suspects et Kathryn Bigelow n’essaie pas de la minimiser. Dans une guerre, il y a de la torture, de tous les côtés. C’est un fait, elle le relate. Aurait elle du le condamner ? Elle ne l’estime pas nécessaire, chacun est juge de savoir si la fin justifie les moyens selon sa propre conscience, elle ne s’estime pas être là pour cela mais pour témoigner. L’aspect sec et l’absence de sensationnalisme pourra dérouter certains spectateurs mais c’est ce qui fait la qualité du long métrage.

« Zero dark thirty » n’est ni un film pro-américain ni un brûlot anti guerre et c’est ce qui fait qu’il en ressort fort original. La maitrise de l’ensemble en fait l’un des films à ne surtout pas râter en ce début d’année.

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