« Only God Forgives » de Nicolas Winding Refn – critique du Blanc Lapin
Ultra attendu depuis le succès critique et public de « Drive« , Nicolas Winding Refn entre en compétition pour la palme d’or aujourd’hui.
Et si vous voulez mon avis …il la mérite !
Mais attention, beaucoup d’entre vous risquent de ne pas aimer, du tout. Car si le réalisateur danois reprend Ryan Gosling en héros quasi muet, sa mise en scène est plus proche de celle de « Walhalla rising, le guerrier silencieux« , à savoir une économie de mots associée à un climat, une lenteur, parsemée d’excés de violence. Un film d’ambiance plus qu’une histoire. Mais quand on a du style et de la classe, on n’a pas forcément besoin de scénario.
Ce dernier tient sur un ticket de métro et n’aurait rien à envier d’un film bourrin de vengeance façon Steven Seagal. D’ailleurs, certains spectateurs m’ont bien gonflé dans la salle à rire à soupirer ou s’émouvoir des giclées de sang. De grâce, si vous n’aimez pas, ayez le respect de le garder pour vous. D’autres à côté peuvent adorer. Et ce fut mon cas. Exprimez vous sur des forums ou sur des blogs mais pas dans une salle…
Le pitch est donc débile. Julian deale de la cocaine en thailande avec son frère, en se servant d’un club de boxe thaïlandaise comme couverture. Mais son frère, ordure de première, se fait descendre par un flic vengeur, après avoir violé et tué une jeune fille. La mère des deux hommes débarque et décide de venger son fils ainé.
Kristine Scott Thomas est méconnaissable et crêve l’écran dans le rôle de cette mère « monstre », castratrice, sèche, impitoyable. Gosling est lui aussi parfait mais on n’en doutait peu. Le rapport entre ce dernier et cette mère, le complexe qu’il a développé, les blocages que lui ont infligé cette gorgonne sont illustrés avec brio. Tout comme la violence sourde, tout comme la détermination du flic, interprété par l’impassible Vithaya Pansringarm, génial.
Alors oui, certains reprocherons à Nicolas Winding Refn de prendre la pause, à la limite de son autocaricature. C’est vrai qu’on n’en n’est pas bien loin, mais justement, il prend le risque.
« Only God Forgives » est un exercice de style majestueux, sombre et envoûtant. Mais il vrai que Refn devra changer un peu de style la prochaine fois, au risque de se vautrer dans le tapis rouge de Cannes 2015 ou 2016…
La bande son est presque aussi réussie que dans « Drive ». J’entend d’ici les reproches sur la violence gratuite du film, éternels relans de spectateurs n’ayant pas compris grand chose au génie du bonhomme. Qu’on m’accuse de snobisme, je m’en fout.
L’immoralité du film est coupée de scènes décalées et drôissimes où l’antagoniste de Ryan Gosling se met en scène. C’est radical, c’est rouge, et putain, c’est bon !
Mais forcément, le film est moins grands public que « Drive »…
Allez Monsieur Spielberg, filez donc la palme à cet opéra de violence ! Cà aurait autant de gueule que celle de Pulp Fiction ou de Saylor et Lula !
La piste aux lapins :
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