« Gravity » de Alfonso Cuarón – Critique du Blanc Lapin
Il est difficile de faire une critique d’un film aussi attendu et dont on parle depuis longtemps, teasé par d’éminents réalisateurs comme James Cameron.
Il faut dire que le concept de Gravity est fort et que son réalisateur, Alfonso Cuarón s’est illustré par le passé avec de bons films comme « Y tu Mama tambien« , « Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban » ou encore l’excellent film de SF, « Les fils de l’homme« .
Le film est en effet un tour de force technique assez bluffant. Il commence par un long plan séquence aboutissant sur l’explosion de la station spatiale de deux cosmonautes propulsés dans l’espace et laissés à eux mêmes.
Puis les séquences s’enchainent avec deux personnages et deux acteurs parfaits dans leurs rôles. Sandra Bullock est plutôt habituée aux comédies sentimentales et pour ce film, elle change radicalement de registre en interprétant une scientifique qui n’a plus d’attaches sur terres. Georges Clooney apporte quant à lui la dose d’humanité et d’humour nécessaires, contrebalancant cette femme qui se retrouve seule au monde au sens propre comme figuré.
La réussite majeure de Gravity est de vous immerger dans l’espace, dans son silence, son infinité, et de faire en sorte que vous y plongiez comme aucun film n’a réussi à le rendre de façon aussi crédible. Le réalisme est sidérant, que ce soit la violence des chocs en apesanteur que la vitesse. Des images somptueuses au service d’un film dont on pourrait craindre l’ennui puisque la nana va quand même se retrouver seule à flotter dans l’espace en attendant la mort. Et même 1h35, c’est long.
Sauf que bien entendu, Alfonso Cuarón prévoit des rebondissements et ne nous permet pas un instant de relacher la tension de ce survival hyper réaliste, sans aliens, juste une femme, l’univers et la terre à rejoindre à tout prix.
Mais pourquoi? Pourquoi rejoindre la terre ? C’est là que le film prend une dimension plus intéressante encore que le résultat technique. Qu’est ce qui fait qu’on a un instinct de survie et pourquoi ?
Le film réussit à y répondre mais fait à mon sens deux fautes de goût qui le font trébucher sur la dernière marche menant au chef d’oeuvre tant hurlé par toute la presse.
D’abord une scène montre Bullock dans une position faisant référence à 2001, l’Odyssée de l’espace…une scène que j’ai trouvée facile là où le film évite pourtant la niaiserie et le pathos. Car même dans les pires moment, Gravity arrive à émouvoir de façon adulte, avec le recul de l’individu ayant pris conscience de sa petitesse face au grand vide. Une espèce de sagesse et de déterminisme qui marque les personnages et donne justement au film une belle patine. Le second écueil est aussi cette fin pompière et particulièrement chargée en terme de symbolisme…c’est dommage, Cuaron aurait pu soit éviter cette musique insupportable soit couper son film deux scènes plus tôt.
Mais ne boudons pas notre plaisir, Gravity est un excellent mixte de divertissement et de réflexion, de film grand public et de film d’auteur, original, novateur.
La piste aux Lapins :
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