Les meilleurs films de l’année du blanc Lapin – partie 2 (N°10 à N°1)

Après les n°20 à 11, voici les dix films préférés du blanc lapin, comme chaque année depuis 4 ans.

Et pour rappel les 20 à 11 premiers sont ici : Les meilleurs films de l’année du blanc Lapin – partie 1 (N°20 à N°11)

Et les pires films de l’année sont là !

 

N°10 – « Trance » de Danny Boyle

 

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Le pitch : un jeune commissaire priseur est complice du vol d’une oeuvre de Goya mais au cours du vol, les choses tournent mal et il perd la mémoire. Ses ex complices vont tout faire pour retrouver cette dernière car avec elle s’est envolée la toile…une femme spécialiste de l’hypnose va tenter d’y remédier…

Après l’excellent « 127 heures« , Danny Boyle a choisi de mettre de côté tous ses autres projets dont « 28 mois plus tard » ou la suite de « Trainspotting » pour se concentrer sur un thriller, tourné en 2011 puis monté un an plus tard, après qu’il en ait eu terminé avec la cérémonie d’ouverture des  JO de Londres.

Est force est de constater que Boyle n’a pas perdu la main et revient en très grande forme, avec un retour aux sources, celui de la comédie noire qui fut son premier succès, « Petits meurtres entre amis« . Ici, c’est moins le côté immoral du récit qui est mis en avant mais cette même noirceur et cette même ironie donne aux deux longs métrages un goût de parenté.

Sauf qu’entre temps, Danny Boyle s’est essayé au film de zombie, au film de Sf, au film hommage à Bollywood et qu’il maitrise encore mieux ses talents de mise en scène. Comme toujours la bande originale est excellente et le travail sur les effets visuels, quasi clipesque, qu’on a pu lui reprocher, est toujours aussi présent, mais au service de son histoire.

Le film est malin et se tourne et se retoune comme prévu entre twist scénaristiques qu’on attend de découvrir mais qui arrivent à surprendre. Boyle sait que son public est averti, il joue donc avec lui d’autant mieux que les codes du thriller et les codes de son propre cinéma ont été défrichés depuis longtemps. James McAvoy et Vincent Cassel sont parfaits. Je suis content de voir Cassel poursuivre sa carrière internationale avec brio. Fâce à eux, Rosario Dawson assure grâve et pas que physiquement.

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Le film est brillant car il se déroule sans temps morts, sans certitude sur qui manipule qui et avec des ruptures de tons soulignées par la mise en scène habile mais jamais tappe à l’oeil. Mais surtout Boyle n’use jamais de facilité, à aucun moment il ne laisse une grosse ficelle porter l’histoire d’une rive à l’autre. Le suspens est total car le jeu des possible est ouvert, multiple. Et puis toujours pour retourner à Trainspotting ou Petits meurtres entre amis, chaque personnage a la caractéristique d’être protéiforme, ni bon ni mauvais ou tout du moins, on ne sait jamais vraiment jusqu’au bout du bout.

J’attend donc avec toujours le même enthousiasme le prochain opus du réalisateur britannique, quel que son soit le projet, il aura le respect du travail ultra bien ficelé. Son film est une vraie réussite.

 

 

N°9- « Stoker » de Park Chan Wook

 

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Sur un scénario de Wentworth Miller (celui de Prison break, oui, oui!), le maitre coéren à l’origine des brillants Sympathy for Mister Vengeance ou Old Boy, passe donc à Hollywood pour son premier long américain.

Le film ne fait visiblement pas l’unanimité. Pourtant, dès les premières images, le génial réalisateur marque sa présence par un style qui a du chien, avec une violence tappie prête à bondir à tout moment.

Ce qui marque c’est bien cette mise en scène de très haute volée au service d’un seul but, la tension et le mystère qui entoure cet oncle pervers qui vient habiter chez sa belle soeur et sa nièce à la mort de son frère. Matthew Goode était un choix parfait, avec son beau visage au sourire énigmatique et son allure de dandy. Nicole Kidman a certes droit à une scène très Oscar « regardez comme je joue face à la caméra » mais c’est un peu la rançon du succès.

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A force de la voir exceller, ses prestations sont encore plus regardées de près et on en oublierait presque le niveau qu’a atteint l’actrice depuis 15 ans. Bon en revanche niveau botox, ça se voit….son visage est un peu trop de cire et c’est bien dommage. Quant à Mia Wasikowska, elle confirme qu’elle est l’une des actrices indispensables du moment. A seulement 23 ans, sa carrière est déjà bien remplie car elle fait des choix exigeants.

Le trio d’acteurs est donc parfait et peut se mouvoir avec aisance dans ce superbe écrin stylistique que Park Chan Wook semble dédier au Maitre Alfred Hitchcock. On est toujours en plein suspens, on fleurte joyeusement avec l’immoralité des personnages et surtout, on y prend du plaisir, un plaisir coupable, celui de voir une histoire sombre se dérouler devant nous avec classe.

Park Chan Wook prend dès la première scène un parti pris. Il filme le parcours d’une araignée et dès lors nous incite à tout regarder de très près, maintenant une tension lorsqu’il n’y a rien qui se passe scénaristiquement à l’écran. La perfection de cette mise en scène est bouleversée parfois par des cadrages un peu particuliers ou inhabituels, comme pour montrer que cette maison familiale n’est pas un refuge, que le mal est à l’intérieur. L’atmosphère se fait alors ambigue, perverse et envoûtante à la fois. La sensualité de certaines scènes s’explique par la thématique à peine voilée du film, celui d’une adolescente qui découvre le désir, le sexe et qui passe à l’âge adulte, de façon certes particulière.

Je ne suis donc nullement déçu par ce film que j’attendais depuis trois ans et qui se trouve comme prévu être une réussite et l’un des longs métrages à ne surtout pas louper cette année.

 

 

N°8 – « L’inconnu du lac » de Alain Guiraudie

 

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« L’inconnu du lac » a fait son petit buzz à cause de maires un peu trop zéllés ayant retiré les affiches pour une raison ridicule. Mais si le film s’est distingué des autres sorties ciné, c’est surtout parcequ’il a marqué les esprits à la quinzaine des réalisateurs cette année.
Alain Guiraudie choisit une histoire se situant exclusivement dans un lieu de drague gay, au bord d’un lac. Pas une femme n’apparait à l’écran. En revanche des hommes on en voit, nus, totalement, puisque c’est une plage nudiste et qu’on les voit aussi se ballader dans le bois d’à coté pour baiser. C’est cru, homophobes s’abstenir…mais je crois que le buzz de l’affiche évitera les cris d’orfraie dans la salle…
Il y a beaucoup d’hommes murs, de gras du ventre et on se retrouve très loin des clichés pink du marais parisien. Ces corps qui s’entelacent n’ont rien de beau, c’est réaliste et c’est du sexe triste. Guiraudie aurait il pu s’abstenir d’aller si loin dans ce qu’il montre ? De montrer autant de bites ? Oui, bien sur mais son choix permet d’évacuer très vite la gêne de voir ces corps nus et de s’y habituer, laissant le champ au fond de l’histoire. La nudité fait partie du cadre, ne pas la montrer aurait été compliqué et n’aurait pour le coup, rien apporté. Et pourtant, le film n’est pas réel et semble parfois relever du conte par l’atmosphère qui s’en dégage.

En effet le réalisateur choisit l’économie de lieux et de plans. On voit le parking sur lequel la voiture du jeune personnage principal arrive, scène multipliée pour souligner l’habitude et l’addiction. On voit la plage et le lac et on voit le bois de tous les ébats. Point. Les scènes sont cadrées à l’identique au plus près des corps et des visages. Certains peuvent trouver cela ennuyeux, d’autant que ce que se disent les personnages n’a rien de passionnant, mais c’est justement ces partis pris de mise en scène qui resserrent l’étau sur un final oppressant à souhait.

Le film m’a fait monter l’angoisse peu à peu jusqu’à un niveau étouffant. La fascination qu’a le « héros » pour un être mortellement sensuel, sexuel et mystérieux, attire le personnage malgré tous les signaux qui devraient l’alerter. Ce rapport de fascination, cette ambiance crépusculaire mélangée à la solitude de ces types qui ne viennent là que pour baiser, qui ne semblent pas avoir de vie sentimentale, donnent à cet « Inconnu du lac » un gout effrayant. Mais un gout irréel aussi.

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Le réalisateur transforme un film qui pouvait sembler voyeuriste en thriller noir et flippant avec une efficacité redoutable. La frontière du bois des désirs fait basculer l’ensemble dans un conte pour adultes où le petit Pd se trouve face à un inconnu manquant d’humanité, au point de n’être homme qu’en apparence. La photo et la lumière du film baignent l’ensemble dans ce même mystérieux. L’humour arrive même à s’immiscer entre deux scènes de cul.

Jusqu’où désir et passion peuvent elles amener un individu à s’aveugler alors qu’il sait qu’il fonce dans un mur ? Alain Guiraudie situe son film simplement dans un milieu et un cadre qu’on ne voit pas si souvent, avec des protagonistes pour lesquels classe sociale et cadre familial n’ont pas d’incidence. Le lien de ces hommes est le sexe bestial dès lors comment se prémunir d’un prédateur? Le long métrage peut choquer certes mais pour ma part j’ ai trouvé l’exercice de style brillant.

 

 

N°7 – « Jodorowsky’s Dune »

 

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Dès l’annonce du projet, votre blanc lapin préféré s’était fait l’écho d’un enthousiasme débordant à l’idée de voir enfin racontée l’une des histoires de tournage les plus extravagantes de ces 30 dernières années. Car ce documentaire allait nous détailler comment Alejandro Jodorowsky, réalisateur barré chilien et scénariste de bd cultes comme l’Incal, Juan Solo, ou « la caste des méta-barons », avait tenté un rêve impossible au milieu des années 70.

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Ce dernier a en effet failli adapter Dune de Frank Herbert , l’un des plus ambitieux romans de SF avec un casting de malade mental, Salvador Dali en empereur de l’univers, Orson Welles en immonde baron Harkonnen, Mick Jagger en Feyd Rautha, les Pink Floyd à la Bo, le dessinateur Moebius au storyboard et HG Giger, créateur d’Alien pour les décors de la planète harkonnen…

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C’était un projet fou, produit par Jérome Seydoux, mais c’était un projet de passionnés.

Le film avait réuni 2/3 du budget et s’est cassé les dents face à des executives d’Hollywood pour qui Sf ne rimait pas avec gros budget…car c’était avant Star Wars.

« Jodorowsky’s Dune » nous conte donc une aventure, celle d’artistes qui ont irradié la Sf des années 80, de Alien à Blade Runner ou Star Wars, ou de l’Incal aux Méta-Barons, après s’être donnés à fond dans ce projet hors normes. Jodo se définit comme un général à la tête d’artistes guerriers dont l’objectif était de livrer une adaptation qui révolutionnerait le genre, un chef d’orchestre fou qui réussit à fédérer des talents divers autour d’un idéal de film somme. Jodo fut le catalyseur et le destructeur de son projet, son originalité faisant peur aux studios américains et faisant trébucher le film sur la dernière marche avant le décolage.

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Il est toujours passionnant de voir pourquoi et comment un film qui avait tout pour devenir un objet culte, s’est vrillé et s’est transformé en échec. On se souvient du doc « L’enfer d’Henri Georges Clouzot » ou de l’excellent « Lost in la mancha » sur le Don Quichotte de Terry Gilliam qui fit naufrage.
Mais le talent de  Frank Pavich est de mettre au centre du récit cet iconoclaste artiste touche à tout qu’était Jodo, qui nous fit l’honneur d’être au forum des images un dimanche soir pour présenter le film. Agé de 84 ans, l’homme est bluffant d’optimisme, de rage créatrice, de volontarisme et insuffle au long métrage un vent de fraicheur incroyable. Mais surtout, le recul amusé, 30 ans après ce terrible échec, donne lieu à un récit parfois hilarant. Car c’est la surprise de « Jodorowsky’s Dune », oui, le film est drôle, très drôle.

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Au lieu de présenter cette histoire comme un cataclisme artistique, Frank Pavich choisit au contraire de retenir l’émulsion de ces artistes, leur grain de folie, leur indépendance acharnée, et l’héritage évident qu’ils ont laissé, réutilisant eux mêmes leurs matériaux dans d’autres oeuvres passées à la postérité. Ou comment positiver un échec pour construire autre chose de grand sur une autre route. En voyant Nicolas Winding Refn, réal de Drive, ami et fan de Jodo témoigner, se vanter malicieusement d’être le seul à avoir lu l’énorme « bible » du story board (il en resterait deux au monde) avec les commentaires de Jodo…en entendant Jodo souhaiter que même après sa mort son projet renaisse…on se prend à rêver…et au final c’est la réussite de Jodorowky, son film n’existe pas mais il est bien plus culte que celui boursoufflé qu’a pondu David Lynch quelques années plus tard.

Mais même sans ce film ou sans sa reprise en main dans X années par un autre visionnaire, ce documentaire suffit à vous ouvrir la boite à imaginaire. Les non afficionados de Dune peuvent aussi prendre part à ce voyage excentrique car au final on y parle juste de liberté créatrice, de la l’art pour transcender la mort, lui survivre, se projeter et toucher à l’universel…c’est enthousiasmant et c’est beau, très beau…

 

 

N°6 – « Effets secondaires » de Steven Soderbergh

 

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Je ne pensais pas pouvoir mettre un jour 4 gros lapins bien assurés à Steven Soderbergh. Il faut dire que l’animal m’a souvent agacé avec sa filmographie éclectique mais très inégale. L’homme est coutumier du fait de sortir un à deux films par an, à tourner plus vite que son ombre, surtout dans les années 2000, pour livrer au final des films malins et roublards mais très moyens au final. Son « Sexe, mensonges et vidéo » lui valu une palme d’or en tout début de carrière pour un film surestimé mais qui comportait déja les limites du réalisateur. Il rêvait de devenir un auteur ultra bankable et s’y évertué avec des films biens consensuels comme « Erin Brockovich » ou la trilogie « Oceans eleven« . Et puis il lui fallait une caution auteuriste et ses insupportables « Bubble », « Full frontal », « Girlfiriend expérience », étaient là pour montrer sa recherche artistique en même temps que provoc.

Mais Soderbergh vaut bien mieux que cela quand il prend le temps. Son « Traffic » est un bijou en terme de recherche de mise en scène et de scenario. A 50 ans et à la veille de prendre une retraite de cinéaste qu’il a annoncée partout, il sort donc son dernier film, « Effets secondaires« . Et c’est comme si il voulait prouver une bonne fois pour toute la virtuosité et le sens du récit qu il a assimilés très tôt via sa cinéphilie puis son travail de stakhanoviste compulsif.
« Effets secondaires » est l’un de ses plus brillants exercices de style dont Sir Alfred Hitchcock ou Brian de Palma n’auraient pas rougi. Il aborde la thématique de l’addiction médicamenteuse aux antidépresseurs et du lien pervers entre le milieu médical et l’industrie pharmaceutique, débutant son long métrages avec une première demi heure haletante, passionnante. Elle pose tout de suite un cadre propice à ce qui va suivre. Tout comme avec la lutte anti drogue dans « Traffic », il pose des questions sensibles sur le mélange des genres, de morale et d’argent, mais son but est ailleurs. Son film aurait pu s’essouffler et devenir un pensum si il n avait pas opté pour un thriller et une rupture de ton d’une efficacité redoutable, où quand mise en scène et scénario ne font qu’un pour divertir, intelligemment. Le film ne vous lâche pas un instant quitte à ce que les rebondissements foisonnent de toute part. Mais l’atout essentiel est ici le casting.

Rooney Mara et Catherine Zeta Jones sont excellentes. Jude Law trouve quant à lui son meilleur rôle. Il est juste parfait et prouve de façon magistrale toute la finesse de son interprétation. Bien entendu, tout le monde s’accorde à dire que Jude Law est bon acteur mais ce dernier s’est souvent planté dans ses choix. Il était bon mais avec un manque de bol incroyable, dans des opus de grands metteurs en scène peu inspirés en général, que ce soit chez Spielberg (A.I), Kenneth Branagh (Le limier), Wong Kar Wai (my blueberry nights), Antony Minghella (Par effraction), Fernando Mereilles (360), David O Russell (J’adore Huckabees), Jean-Jacques Annaud (Stalingrad)…et je ne cite pas les films oubliables. On connait Jude Law mais à Part « Bienvenue à Gattaca« , citez moi un très bon film dans sa filmo…

La chose est donc reparée et j’espere que sa carrière va s’épaissir dans le bon sens mais c’est une question d’opportunité car Jude est très demandé, juste pas dans les bons projets. Il tourne fort heureusement pour Wes Anderson en ce moment.
Courez donc voir « Effets secondaires, une réussite indéniable et une façon ultra classe pour Soderbergh de tirer sa révérence…pour l’instant…il n’a que 50 ans et largement le temps de changer d’avis…

 

 

N°5 – « 9 mois ferme » de Albert Dupontel

 

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Albert Dupontel revient avec son meilleur film depuis Bernie, jouissif et méchamment drôle, fidèle à l’humour du réalisateur et à ses references. Il est vrai que j’avais trouvé « Enfermé dehors » poussif et pas très drole, versant trop dans la carricature sociale. Et puis « Le vilain » etait réussi mais un peu trop sage, trop lisse. En revanche il avait trouvé dans ce dernier une esthétique qu’il n’avait pas autant auparavant.
Ici Dupontel retrouve l’idée d’un duo avec une actrice de talent, Sandrine Kiberlain, qui s’était faite rare ces dernières années et revient ici avec un rôle de pétage de plomb idéal. Dupontel la met d’ailleurs au premier plan et a l’humilité de ne pas trop se mettre en avant, offrant à chaque second rôle des scènes hillarantes. Car oui, « 9 mois ferme » déclenche des hurlements de rire avec un comique mélant tex avery et le cartoon, comme toujours chez Dupontel mais aussi un humour facon Monty Python ou Fluide glacial.

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La caméra sert le scénario et les situations cocasses et crée une vraie différence avec les comédies francaises formatées et souvent laides en terme d’image. Ici tout est léché, ne condidérant pas que de bons acteurs et de bonnes répliques ou gags suffisent. Non, Dupontel est précis et exigeant et c’est tant mieux pour nous. Quel bonheur de voir un rire intelligent, sans stars du petit écran ou du one man show recasées par des potes dans un truc gentillet.

Mais attention, Albert Dupontel se permet même des touches de poésie voir de tendresse pour ses personnages, avec la pudeur qu’on lui connait mais qui rajoute encore à ce film qui a déja atteint son but initial : faire rire.

C ‘est comme si Dupontel, après avoir expérimenté des idées pendant 15 ans sur des longs métrages de très bonne facture, revenait avec une certaine maturité tout en retrouvant la fougue et les délires de Bernie.

Il est plaisant et rassurant d’avoir un artiste comme lui dans le paysage cinématographique francais. Non content d’être un excellent acteur chez les autres, l’homme a créé un style de comédie qui lui ressemble et dont on souhaite qu’il en fasse plein d’autres du même niveau d’excellence.

 

 

N°4 – « Frances Ha » de Noah Baumbach

 

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Le réalisateur Noah Baumbach et son actrice Greta Gerwig, coscénaristes, nous offrent avec Frances Ha un film merveilleusement gai, frais, et joyeux.
Pourtant, l’histoire de Frances n’est pas très marrante. Danseuse en devenir mais trop vieille pour faire carrière, elle n’a plus de fric et plus d’avenir professionnel. Pire, son mec la largue car elle est trop proche de sa meilleure amie et colocataire, Sophie.

Et puis Frances a un problème, elle est trop franche, trop naturelle, et trop bizarre. Disons qu’elle est particulière. Et surtout, qu’elle ne veut pas grandir. Ca lui plait de vivre comme ca, de boire, de faire l’amour et de se sentir libre, en éternelle étudiante…sauf qu’elle a 27 ans.

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L’un des atouts majeurs de « Frances Ha » est de réussir à saisir quelquechose de pas si courant au cinema, l’amitié féminine. En entrant dans l’intimité de cette amitié dans ce qu’elle a d’attachant et de cruel parfois, le film vous cueille et en sort les plus belles scènes, vraiment émouvantes. On se dit au début que le personnage risque d’agacer, mais c’est sans compter sur le scénario, et léactrice, suffisament barrée mais pas trop, juste assez pour emporter l’adhesion et la bienveillance. Sa nonchalance  réchauffe dans un monde un peu trop normé et balisé vers la « réussite ».

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Cette réussite sociale, et amoureuse sont autant de schémas de vie que la société recommande à Frances, afin de devenir adulte. « Tu es incasable » lui dit un de ses amis, un peu interessé. Car oui, il faut se caser et choisir une voie, et devenir une grande, abandonner ses rêves, ici celui d’être danseuse professionnelle. Seulement voila, Hana n’est pas comme cela et ces choix…elle ne voit pas pourquoi les faire. C’est ce qui fait que le film est frais réjouissant. Elle aime son immaturité. La naiveté, la gaucherie et le naturel du personnage vous emportent. On pense évidemment à Woody Allen pour le lieu (New York), le noir et blanc et les dialogues infinis comme dans Manhattan ou Hannie Hall.
Sauf qu’ici il n’est pas question d’une histoire d’amour mais d’une histoire de choix, de route à trouver quand tous les autres de son âge sont déjà partis. Nostalgique, drôle, ce film est décalé à l’image de son personnage et c’est l’une des excellentes surprises de cette année.

 

 

N°3 Ex aequo -  « Django unchained » de Quentin Tarantino

 

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J’ai vu « Django unchained » en avant première ! Et outre le fait que Quentin Tarantino a l’air d’un mec bien sympathique et barré, ce fut LA grande classe de découvrir son nouvel opus dans de telles conditions.
Tarantino continue donc à revisiter le passé de l’Amérique avec, comme dans « Inglorious basterds« , trois objectifs. D’abord il revisite un genre, après le film de guerre façon « 12 salopards« , c’est au tour du western Spaghetti, toujours entre le pastiche et l’hommage. Ensuite l’animal veut nous donner un film fun et jouissif. Enfin il donne aux opprimés de l’histoire une vengeance et une revanche par procuration puisque le cinéma permet toutes les libertés. La controverse de Spike Lee sur le fait que Tarantino serait raciste parcequ’il utilise le mot « nègre » est d’autant plus stupide que non seulement le film est un playdoyer contre toute forme d’avilissement mais qu’en plus, Spike Lee devrait commencer par refaire de bons films, après on en reparlera.

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Tarantino commence donc « Django Unchained » par 45 minutes de scènes absolument géniales, drôles, dans le pur style qu’on lui connait, entre dialogues perchés à se plier en quatre et violence gratuite et stylisée mais oh combien brillante et racée. En gros, il nous enchaine plusieurs scènes qui devraient devenir cultes. On pense à un mixte entre « Kill Bill » et « Inglorious basterds« . A ce titre, le rôle qu’il a écrit pour Christoph Waltz est en or. Autant l’acteur allemand était bluffant en Nazi sadique, pervers et cultivé chez les Basterds, autant son personnage de sympathique chasseur de primes raffiné est une force indéniable du film. Waltz est un acteur au charisme qui crêve l’écran.

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Puis vient un petit ralentissement de rythme mais qui n’endommage pas la rapidité à laquelle passent ces 2h50. Et là, Léonardo Di Caprio entre en scène! Autant dire que tout cinéphile rêvait de voir le petit génie du jeu dans un rôle d’immonde ordure ! Alors la déception c’est qu’il cabotine et qu’il ne surprend pas. Il est très bon, son rôle est taillé pour lui mais il ne réserve aucune surprise. Le tout accompagnant un rythme plus lent et bavard, ceci donne au long métrage la même impression de rupture de rythme que dans « Inglorious basterds », compensée par une fin digne de très bon moments de « Kill bill ». Ca saigne, ça gicle durant le film mais c’est un pur bonheur régressif ultra réferencé avec deux ingrédients qui en font un des très bons Tarantino. La bande originale et les dialogues sont au top, avec le même effet euphorisant !
Bref, grande réussite que cet opus, qui devrait s’insérer dans une trilogie sur l’histoire américaine. Le prochain reviendrait au « débarquement », cette fois ci avec des soldats noirs américains devenus fous et prêts à buter du soldat blanc quel que soit son uniforme, tout un programme ! Et on l’espere d’un aussi bon niveau que son western !

 

N°3 Ex aequo – « Le Loup de Wall Street » de Martin Scorsese

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En s’attaquant à l’histoire délirante de Jordan Belfort, jeune homme issu d’un milieu modeste, devenu courtier multimillionnaire en vendant du vent, Martin Scorsese renoue avec les histoires bigger than life qui ont abouti à certains de ses chefs d’oeuvres comme « Les affranchis » ou « Casino« . La longueur du récit, 3 heures se déroulant à toute vitesse et la folie des personnages nous ramène forcément à ce must du must du grand maitre.

Mais c’est aussi près du superbe et écorché « A tombeaux ouverts » qu’il faudrait rapprocher ce « Loup de Wall Street« , pour sa mise en scène au couteau, frénétique, son rythme délirant ne faisant qu’un avec son sujet.

Et pour leur cinquième collaboration, Léonardo DiCaprio livre une prestation hallucinante. C’est probablement le meilleur acteur de son âge et pour son père de cinéma qu’est Scorsese, il nous livre l’une de ses meilleures performances, génial de bout en bout.

Quand en sortant du film, on se dit qu’aucun autre acteur actuel n’aurait pu interpréter ce rôle, c’est que pour le coup, Léo est au top de sa forme.

DiCaprio avait déjà interprété pour Scorsese un grand mégalo addict aux drogues avec Howard Hughes dans « Aviator« . Mais le film souffrait de longueurs et DiCaprio en faisait peut être un peu trop, justement.

Ici il est parfait. La débauche de grand n’importe quoi, de drogues en tout genre et de prostituées défilant dans les bureaux de la compagnie de courtage, sont autant de pétages de plombs euphorisants parfois, et transgressant la morale la plupart du temps. On peut être choqué par les lancés de nains mais ce qui marque le plus, c’est justement cette absence totale de limites morales, de bornes. Belfort et son équipe n’ont qu’un seul crédo, se faire du fric et partir du principe que tout est possible.

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Cette exagération du mythe américain où n’importe qui peut partir de rien et se contruire au sens capitalistique du terme, n’est cependant ni condamnée ni adoubée par Scorsese.

Ce dernier se contente de transposer une histoire hautement cinématographique par ses excès et se garde bien de rendre sympathique ou antipathique le personnage. D’ailleurs, l’idée de le juger ne vous traverse pas durant le long métrage, au même titre que le DeNiro de Casino ne suscitait pas de dégoût. Ici nous avons à faire à des malfrats en col blanc, prêt à tout et n’importe quoi. La seule différence est qu’ils ne tuent pas et vendent du rêve de devenir riche. Ils surfent sur les illusions entretenues par l’American way of life. A ce titre la scène avec Matthew MacConaughey est assez bluffante, même si pour le coup, son discours est un peu caricatural.

Virtuose et chaotique, le film est cynique sur l’envers du modèle américain, provocateur en diable, souvent très drôle. Mais l’absurdité de cette fuite en avant cache aussi l’obsession du personnage pour le plaisir, tel un ogre jamais repu, près aux comportements les plus suicidaires et dangereux pour avoir la possibilité de jouir une fois de plus.

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Cette passion dévorante et cette course d’un type qui brûle la vie par les deux bouts, a forcément un côté enivrant mais aussi une facette sombre qui font du film une oeuvre bien plus complexe qu’elle n’y parait. Le rapport des américains à l’argent et du monde actuel aux apparences est décortiqué avec brio. « Le loup de Wall Street » est rock’n'roll et peu fréquentable mais il a la force de vous amuser et de vous tendre un miroir de nos vils instincts matérialistes sans jamais montrer du doigt, juste en se moquant, comme les blagues de mauvais goût du personnage principal.

« Le Loup de Wall Street » est donc le grand film qu’on attendait de Martin Scorsese après son « Hugo Cabret » un peu ennuyeux et beaucoup trop sage. Scorsese a 71 ans et il reste l’un des plus grands cinéastes en vie, à la carrière impressionnante, alignant des bijoux régulièrement, avec la même fougue qu’un jeune cinéaste. Alors certes, il revient à un genre qu’il maitrise parfaitement, loin de ses expériences sur « Gangs of New York » ou « Shutter Island« , mais se serait débile de se plaindre qu’un grand cinéaste conserve son style pour nous livrer un nouveau chef d’oeuvre. Or ce « Loup de wall street » en sera probablement un.

 

N°2 – « La Danza de la Realidad » de Alejandro Jodorowsky

 

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Scénariste culte de l’Incal de Moebius et d’autres Bd Sf assez excellentes, cinéaste iconoclaste des années 70, de « La Montagne sacrée » hallucinogène à son western « El Topo« , Alejandro Jodorowsky est un personnage marquant. Je vous avais parlé dejà de lui cette année avec le brillant documentaire sur l’adaptation de Dune qu’il a failli monter fin des annees 70 (voir ici).
Mais 2013 est aussi le retour du chilien au grand écran après 20 ans d’absence!

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Et vous savez quoi ? Fellini et Buñuel ne sont pas morts ! Ils revivent grace à un jeune réalisateur de 84 ans, complétement barré !
« La danza de la realidad » raconte l’enfance d’Alejandro Jodorowsky au Chili et plus particuliérement de son rapport à un père communiste autoritaire et fan de staline. Et dans le film, c’est le fils de Jodorowsky qui joue, son père !

J’avoue ne pas être fan du suréalisme de Buñuel, Fellini ou de l’épure provocatrice de Pasolini.

Mais ici, « Jodo » ne fait pas que s’en inspirer, il y rajoute son experience de la Bd, avec un humour taquin, et balance une poésie et des tableaux visuels d’une grande beauté, une imagerie entre le kitch et le délire démiurge. Mais il le fait avec un sens du récit limpide, ce qui était un peu la crainte que j’avais, ayant vu ses précédentes oeuvres. Non ici, le film est plutôt facile d’accès et convoque juste le fantastique et l’imaginaire au beau milieu du réel.
Jodo raconte son enfance tel un mélange de rêves et de souvenirs. Sa mère ne s’exprime qu’en chantant comme une cantatrice, et pisse sur son père pour le soigner de la maladie, exemple hallucinant de ce qu’on peut voir dans cette oeuvre totalement libre, furieuse et tendre à la fois, une ode à la vie et à l’héritage.

Jodorowsky joue pour de vrai son personnage aujourdhui, qui parle derrière son double enfant et apporte l’experience qu’il tirera plus tard de ses aventures de gamin tiraillé entre idées communistes du père et profonde croyance catholique de la mère. Il renvoie dos à dos les cultes politiques et religieux, se moque d’un dictateur pantin façon Chaplin et fait preuve d’une mise en scéne vigoureuse assez bluffante.

Il apporte un vent d’air frais cinématographique en convoquant les fantômes de son passé et ceux du cinéma suréaliste. Mais comme il aime à le dire, la meilleure facon de rendre hommage c’est de violer l’oeuvre et de la faire sienne.

J’ai été scotché par cet intriguante déclaration d’amour à son passé, ce regard malicieux et perché d’un vieil homme vers le terreau de sa personnalité. Quel hommage magnifique à ses racines ! Quel spectacle de clown fou ! Courrez y !

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N°1 – « Mud » de Jeff Nichols

 

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Pour être très franc, je suis allé voir « Mud » pour deux raisons. L’excellent accueil critique et le fait que mon meilleur ami ait été touché. Car de Jeff Nichols, j’avais surtout le très mauvais souvenir de « Take shelter« , sorti l’an dernier, encensé également par la presse et qui m’avait très sérieusement ennuyé.

Cette « seconde chance » donnée à Nichols fut donc la bonne. « Mud » est un récit initiatique sur le passage de l’adolescence au monde adulte mais ce n’est pas que celà.

On a un peu peur tout au long du long métrage qu’un cliché surgisse à un moment et rompe le charme de ce bel équilibre, fragile, cette belle histoire d’amitié entre un marginal fou amoureux d’un amour impossible et deux gamins de 14 ans qui, en cherchant de l’aventure, finissent par la trouver et même par apprendre bien plus encore.

Ils se font défenseurs d’une histoire qu’ils fantasment car ils ne connaissent rien des rapports amoureux, ils ne font que les deviner au travers des relations entre leurs parents, ou de leurs premiers tâtonnements avec les filles. Ils y vont avec cet aplomb du jeune homme qui ne connait rien mais qui veut être un homme et le prouver, même si ses sentiments d’enfant le rattrapent souvent pour lui rappeler que la vie d’adulte c’est rude, enfin, en tout cas, çà en a sacrément l’air. Et du panache, Matthew McConaughey en a sacrément lui aussi. Cet acteur plutôt cantonné aux rôles fadasses quand il était le beau blond jeune premier, a su en quelques rôles décoller, à l’approhe de la quarantaine. Il incarne à la fois toute la naiveté d’un gamin qui s’est élevé tout seul en pleine nature, bercé de bien des illusions, et cet homme mur façonné par cette nature sauvage et ses multiples déceptions avec la femme de sa vie. Cet amour impossible est l’un des arcs scénaritisiques vraiment touchants du film. Un récit sans pathos, avec une économie de mots par moments, car les situatons parlent d’elles mêmes.

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Le fait de faire découvrir au spectateur l’identité de ce Mud par le regard admirateur de ces deux ados est excellente. Ils cherchent à devenir des hommes et voient donc forcément ce mystérieux Mud à travers le prisme de leurs aspirations propres, de leur idée de la virilité, de leur espoir dans une pureté de l’amour homme-femme, dans l’idée que les sentiments sont immuables, sauf qu’ils ne le sont pas. La prise du temps abime bien des choses et les plus naifs en sont pour leurs frais. Mais loin de tout cynisme, le film porte sur ses épaules un regard tendre sur cette découverte de l’envers du décors des adultes.

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Le long métrage pourrait avec ces seuls ingrédients, cette seule utilisation de la nature comme personnage à part entière (comme dans Take shelter), suffire à sa réussite. Sauf que les seconds rôles sont tout aussi bons, de Mickael Shannon en oncle sympa à Sam Shepard en vieil homme qui a lui connu les déceptions jusqu’au bout du bout. Le rapport père fils constitue lui aussi une histoire secondaire qui donne un relief au tout. Sans crier gare, Jeff Nichols, y aborde l’incommunicabilté entre un père et un fils dont la pudeur virile se fendille, confrontée à l’impuissance du père à sauver son couple. Ce dernier ne peut prouver qu’il est porteur d’un projet qui puisse motiver son épouse et sauver du naufrage l’échec de leurs rêves, de leurs aspirations qui se sont éloignées, confontés au mur du quotidien. Et puis « Mud » montre deux adolescents découvrant que le temps détruit les plus belles histoires, eux qui ne rêvent que d’aventure et d’idéal et pour qui « Mud » incarne un peu tout celà. Cette projection qu’ils se font du futur, de ce que c’est qu’être homme, est d’autant plus touchante qu’elle est faite avec retenue, comme les personnages, pour qui montrer n’est pas franchement un truc de mecs. La mélancolie de ce récit d’aventure vous touchera probablement. A brasser des thèmes aussi universels, Nichols aurait pu sombrer dans un mélo chiant, sirupeux et démonstratif. Il n’en n’est rien. Au contraire, on ressort plus léger de cet exercice d’équilibriste particulièrement réussi.

 

Voilà, l’année 2013 se boucle sur des cow boys tarantinesques, un vieux réalisateur chilien libre comme un jeune homme fougueux et irrévérentieux, un Matthew MacConaughey crevant l’écran dans un rôle simple et déroutant…

2014 aura t elle autant de richesses et autant de films de niveau 4 à 5 lapins ? …Une vingtaine en 2013 ! exceptionnel !

Rendez-vous dans les salles obscures et avant celà  De l’autre, côté, perché avec le blanc lapin…puisque je vous mijoterai comme chaque année ma sélection des films les plus attendus de 2014 ! Et une sélection très exhaustive !

Une cinquième année qui sera riche de surprises ! Je n’en doute pas une seconde !

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