« Big Eyes » de Tim Burton – Critique du Blanc Lapin

Tim Burton revient après plusieurs échecs commerciaux et une décennie ratée artistiquement. L’idée de le voir abandonner ses films caricaturant son style pour s’intéresser à cette histoire hallucinante des époux Kean était très excitante.

Tout le monde connait les œuvres de Margaret Kean et ces enfants aux grands yeux tristes. Et si le monde entier les a en tête, c’est grâce au génie commercial de son époux, qui a non seulement réussit à se faire connaitre, à faire du merchandising à grande échelle mais surtout à usurper la paternité des œuvres de son épouse. Qui de mieux que Christoph Waltz (Inglorious Basterds, Django Unchained) pour jouer ce tirant manipulateur ?

Et bien c’est un peu l’un des problèmes du film…Waltz en fait trop, et pour le coup, Tim Burton est responsable de cet excès comme il l’est de ceux de son pote Johnny Depp qu’il admirait voir cabotiner devant l’écran jusqu’à nous gonfler grâve à force d’en faire des caisses.

Face à lui, Amy Adams est parfaite et confirme qu’elle est l’une des très grandes actrices du moment. Elle joue à merveille cette femme soumise des années 50 qui bien que réussissant à plaquer son premier mari, va se retrouver sous la houlette d’un gourou avant de se libérer et de retomber dans une autre domination pseudo religieuse. L’intérêt du film est dans cette histoire d’esclavage moderne, de suprématie mentale d’un être sur l’autre, qui va jusqu’à nier sa propre création. Or pour qui a créé quelquechose un jour (une peinture, une sculpture, une chanson…), vous vous reconnaitrez dans le déchirement qu’implique cette négation de soit pour l’auteur.

Le film raconte donc cette histoire hallucinante avec de belles couleurs vives rappelant les séries de l’époque, dans un style de colorimétrie proche de Pee Wee. C’est plutôt réussi mais curieusement, ceci manque de Burton, de style Tim Burton. Moi qui lui reprochait d’en faire trop, là je trouve qu’il n’en fait pas assez. Ou tout du moins qu’un autre bon réalisateur aurait pu faire la même chose. Or si il y a un réal au style marqué ces dernières années c’est bien lui. Mais comme ce n’est pas un directeur d’acteurs de fous, le film reste bon mais pas exceptionnel, d’un grand classicisme, trop sage.

D’ailleurs le public ne s’y est pas trompé et a boudé ce film, qui sera un four au box office aux vues des chiffes qui tombent.

C’est dommage car Tim Burton prenait un risque…mais je préfère voir cela qu’une énième copie de ses œuvres passées.

La piste aux Lapins :

3 étoiles

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