« Steve Jobs » de Danny Boyle – Critique du Blanc Lapin

Il est assez hallucinant de voir à quel point la promotion de « Steve Jobs » tant aux Etats-Unis qu’en Europe est ratée.

On en entend quasiment pas parler alors que son réunis le réalisateur de Trainspotting, 127 heures, 28 jours plus tard et j’en passe, l’un des meilleurs acteurs au monde en la personne de Michael Fassbender et Aaron Sorkin, le scénariste de l’autre excellent biopic du même genre, « The social Network« .

Il est vrai le film n’est pas facile à vendre et le résultat n’est pas très commercial. D’ailleurs le film rentre à peine dans ses frais niveau box office monde…

Le film est très bavard et son concept est certes excellent mais peut rebuter. Car comment raconter l’histoire d’un entrepreneur de génie qui n’était pas lui même à l’origine des créations mais qui savait juste bien les packager, bien les vendre ? Comment raconter l’histoire d’un type obsédé par le concept et convaincu que c’était le nerf de la guerre et que les créateurs, les vrais, les informaticiens, devaient pédaler derrière pour s’adapter à l’objectif ?

Et bien Aaron Sorkin a eu une idée toute simple. Il a divisé son scénario en trois actes, trois lieux, trois périodes de la vie de Steve Jobs, trois moments où il lançait un produit et faisait un de ses célèbres shows devant la presse. Et pour le coup le film est conceptuel lui aussi ! Quel plus bel hommage ?

Forcément, ce choix radical a dû rebuter un certain public d’autant que le personnage de Steve Jobs est loin d’être sympathique. C’est même plutôt un sale con et çà fait un bien fou de voir un biopic qui ne soit pas consensuel justement, tout comme ne l’était pas The social Network…écrit par Aaron Sorkin…

Michael Fassbender ne ressemble pas du tout au vrai Steve Jobs mais c’est un acteur caméléon et là pour le coup, il est parfait dans le job…ahah…

Danny Boyle use de son talent de monteur pour donner l’impression que chaque séquence est limite un long plan séquence mettant en parallèle l’époque de sa vie précédente.

Le film a le talent de s’intéresser vraiment au personnage, à son asociabilité, sa suffisance, son manque total d’empathie, ses blessures personnelles de petite enfance qui l’ont transformé en cet être dénué de sentiments normaux.

Son incapacité à être père, son obsession à nier sa paternité est au centre du récit car elle explique beaucoup de choses, ses échecs comme ses succès. D’ailleurs, le film remet l’église au milieu du village et rappelle qu’il connu deux monstrueux fours avant de faire décoller Apple avec l’iMac.

Alors était il trop en avance sur son temps et trop ambitieux sur l’évolution technologique lorsqu’il se planta dans les années 80 et fut licencié de la propre entreprise qu’il avait créée ? Ou était il juste trop buté et trop sûr de lui pour assumer le minimum de souplesse nécessaire ? C’est à ces traits de personnalité complexe que le film s’intéresse.

Un tel degré d’exigence et une telle qualité dans le jeu, dans le choix scénaristique et les dialogues sont rares pour une production de cette importance.

La piste aux Lapins :

4 étoiles

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