« Dalton Trumbo » de Jay Roach – critique du blanc Lapin
L’histoire de ce célèbre scénariste de la grande époque hollywoodienne m’a toujours passionnée. Quel symbole du MacCarthysme et de la chasse aux sorcières que cet homme mis au banc de la société, privé de travail pour ses idées communistes en pleine guerre froide. Le film montre la décente aux enfers, l’isolement de l’écrivain et de ses camarades, l’extrême animosité et paranoïa du plus grand nombre dont John Wayne…Curieusement lorsque Kirk Douglas et Otto Preminger viennent le sortir de sa torpeur, le film s’arrête assez rapidement après ses succès et la fin de la liste noire. Il n’est fait aucune mention de son unique film en tant que réalisateur « Johnny s’en va t’en guerre« , chef d’œuvre absolu d’antimilitarisme et claque de cinéma que tout cinéphile a forcément vu.
Bryan Cranston gère très bien le post « Breaking bad ». Il est crédible dans le rôle, tout en nuances et roublardise provocatrice, à la fois drôle et colérique, ce qui rend le personnage profondément humain. Helen Mirren est salope à souhait. Les dialogues et le rythme du film sont plutôt bien vus.
Le problème de ce »Dalton Trumbo » c’est que son histoire est hyper intéressante pour qui ne connait pas l’artiste mais que le film s’aventure un peu trop souvent dans du descriptif des évènements qui lui arrivent. C’est un peu le classicisme chiant du biopic non inspiré qui rattrape l’ensemble du long métrage. Le film se regarde pour son intérêt historique, d’autant qu’il est bien joué et la plupart des spectateurs seront ravis du résultat si ils se contentent de l’aspect informatif. Comme beaucoup de biopics, il verse dans l’hagiographie à certains moments mais comme l’attitude des pro-maccarthystes est juste hallucinante, on passe sur ces éléments de facilité…
En revanche niveau originalité de la mise en scène, de la mise en perspective dans un contexte plus global, on peut dire que le bât blesse terriblement. Il faut dire que Jay Roach n’est pas franchement un grand réalisateur. « Mon beau père et moi » et « Austin Powers » ne sont pas des films marquants pour leurs choix de mise en scène où leur regard personnel. C’est un faiseur, pas un auteur. Et çà se voit.
Bref, c’est un film très académique mais dont le récit est digeste, clair et bien joué donc le résultat est plutôt réussi. Il manque juste le souffle des grands films mais ils sont rares, alors on se contente de bons films.
La piste aux Lapins :
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