« Moi, Daniel Blake » de Ken Loach – critique du Blanc Lapin

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Alors qu’il avait annoncé se retraite il y a trois ans, le pourfendeur de la cause sociale est de retour, à 80 ans, avec la verve intacte, les mots justes. Il s’est fait étrier à Cannes avant de recevoir sa seconde palme d’or pour ce « Moi, Daniel Blake« , jugé trop en deçà par la presse…trop facile, trop attendu, trop gentil, trop caricatural. Et puis comme par magie, ces mêmes critiques changent leur fusil d’épaule à la sortie et encensent le film.

Ce seraient-ils acheté un cœur passé le jeu de massacre cannois?  En tout cas, « Moi, Daniel Blake » est un très bon Ken Loach pour ma part. Oui, il est du côté de ceux qui ne vivent pas la mondialisation du bon côté, pointant du doigt, lourdement mais surement le désengagement de l’état, ce qui est très à la mode en ce moment. Le problème c’est lorsque par une politique qui établit des règles à l’aveugle, on perd tout sens de l’humain, parceque la loi est appliquée à la lettre par des individus qui sont de l’autre côté.

Alors oui, ses personnages sont franchement dans la merde et supers sympas et ils se battent contre des fonctionnaires trop zélés.

Le problème c’est qu’un discours simple et efficace comme celui de Loach, on en voit de moins en moins, comme si la population se résignait et se soumettait à des choses parfois absurdes. Et Ken Loach reste un maitre de l’émotion et de la dénonciation d’abus idiots dans un monde égoïste et violent. Ceci fait tout simplement du bien d’entendre autre chose, un autre son de cloche. On n’est pas obligé d’être d’extrême gauche pour apprécier ce type de film, il faut juste avoir du cœur et pas juste des chiffres et des ratios en tête. Car la pensée unique çà rend con, tout simplement, qu’elle soit de gauche ou de droite. Parfois ce type de film permet de rééquilibrer les dérives idéologiques un peu faciles justement. Et Loach le fait de façon simple, évidente, nous arrachant des larmes de tristesse devant son constat particulièrement sombre.

Son film est épuré de tout effet de style, en colère et pourtant humble et fier. C’est ceci que le jury de Cannes a voulu récompenser mais aussi le parcours d’un maitre du septième art qui n’a jamais perdu de vue un idéal. Et même si on peut être en désaccord avec ses idées politiques, on peut avoir un profond respect pour son combat car il est juste.

Ken Loach nous manquera probablement, sa présence étant salvatrice pour toutes les raisons que j’ai évoquées. Il est indispensable à la diversité de pensée, comme une mauvaise conscience pour toutes celles et ceux qui sont du bon côté, comme moi, et qui se sentent trop peu concernés par cette violence sociale. Un très bon Ken Loach, qui mérite sa palme.

La piste aux Lapins :

4 étoiles

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