« Okja » de Bong Joon-Ho – critique du Blanc Lapin

Bong Joon-Ho est l’un des meilleurs réalisateurs au monde, de « Memories of murder » à « Snowpiercer« , en passant par « The Host » ou l’excellent « Mother« .

La polémique cannoise autour de son nouveau film exclusivement produit par Netflix et ne sortant pas au cinéma mais sur la plateforme mastodonte, m’a un peu gonflé. Non que les détracteurs aient tord ou raison mais au bout d’un moment on parle de cinéma avant tout et « Okja » est une œuvre de cinéma très réussie.

Le problème est ailleurs, notamment dans le fait que Netflix ne finance pas avec son modèle le système français très particulier qui en fait notre exception culturelle ou ne paie pas ou très peu d’impôts en France. Mais ceci est davantage du domaine des choix et du courage politique de nos gouvernants que du débat entre sortie ciné ou pas sortie ciné.

Si nous revenons donc au nouveau film du maitre sud-coréen, le constat est qu’il choisit de mettre tant l’accent sur l’humour comme dans « The host » que sur la dénonciation des excès consuméristes et de l’hypocrisie du marketing bio. C’est souvent drôle, un peu surjoué par Tilda Swinton et Jake Gyllenhall mais au final le film est d’une efficacité redoutable. Il tape là où çà fait mal en montrant la monstruosité de l’abattage de masse et prenant partie pour la cause animale. Il le fait naïvement mais c’est cela qui rend Okja attachant et émouvant à bien des moments. L’animal en image de synthèse est très réussi et arrive à vous décrocher des larmes alors qu’il s’agit d’un gros cochon gris et çà, c’est balaise !

Mention spéciale à Paul Dano, toujours excellent mais là particulièrement dans le rôle d’un activiste écolo prêt à risquer sa vie pour libérer l’animal en question.

Bong Joon-Ho montre un monde caricaturé et pas forcément réaliste mais qui nous tend un miroir affligeant de notre mode de vie, les personnages portant des masques de théâtre pour mieux nous effrayer. Car au final, seule la petite fille est sincère et libre.

Le film parle de moralité et de la vanité de l’homme par un message fort et simple qui doit normalement toucher notre conscience. Sous ses airs de grand public, le film emporte le spectateur par sa générosité évidente, malgré la noirceur de son fond. C’est anticapitaliste, antispéciste et donc beaucoup plus politique qu’il n’y parait et c’est Netflix qui produit…et c’est lorsqu’Hollywood devient frileuse à produire ce type de sujets, qu’une firme ultra capitaliste s’en empare du moment que çà se vend!

Bong Joon-Ho a bien du se marrer en réalisant son film, car avec le recul, il utilise le cœur du réacteur pour le dénoncer et çà c’est sacrément gonflé!

Sauver le peu d’humanité qu’on peut dans une machine infernale de spectacle et de consommation, voilà le beau défi qu’a relevé Bong Joon-Ho, et c’est énorme !

La piste aux Lapins :

4 étoiles

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