Terry Gilliam : l’imaginarium du Blanc Lapin…

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2018 pourrait être une année marquante pour le blanc lapin puisque c’est cette année, normalement le 19 mai après une présentation en clôture du festival de Cannes, que sortira le film que je fantasme depuis bientôt 20 ans, « L’homme qui tua Don Quichotte » de Terry Gilliam.

Alors avant d’expliquer pourquoi ce film est devenu une obsession cinéphile pour moi au fil des années, je me propose de vous faire un petit résumé de la filmographie de mon réalisateur préféré, Terry Gilliam.

Évidemment j’en ai plein d’autres des réalisateurs adulés, d’Orson Welles aux frères Coen, de Fritz Lang à Martin Scorsese, de John Huston à Stanley Kubrick, de Arthur Penn à Paul-Thomas Anderson, Darren Aronofsky, ou Wes Anderson…bref, impossible de trancher tant ces artistes sont divers et variés.

Seulement Terry, ben c’est juste que c’est mon chouchou. Son imaginaire débordant, bien souvent, j’ai exactement les mêmes délires dans ma tête à moi. Alors forcément, quand je découvre sur grand écran des choses qui me sont si familières, j’exulte de joie.

Le cinéma de Gilliam est à la fois dépressif sur la nature humaine et terriblement drôle, iconoclaste. Il est parsemé d’obsessions, de nains, de portes permettant de voyager dans le temps, de l’autre côté d’un miroir et de s’immerger dans des délires bien à lui. Et puis l’humour des Monty Python, dont il était l’un des membres, n’a jamais quitté ses films.

Terry est aussi un personnage attachant, qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui a par exemple abandonné sa nationalité américaine suite aux délires de Georges W Bush à partir de 2001.

Alors pour ne pas faire trop long et juste laisser parler les images, je vous propose une vidéo courte trouvée sur Youtube puis la liste de sa filmographie que je vous commente…

 

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Sacré Graal – 1975 – co-réalisé avec Terry Jones

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Premier film des Monty Python, complètement débile et culte. Il marque le passage des Monty Python du petit au grand écran avec un humour toujours aussi absurde, auquel Gilliam restera fidèle tout au long de sa filmographie. Il retrouvera d’ailleurs ses petits camarades dans plusieurs de ses premiers films.

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Jabberwocky - 1977

Jabberwocky (film) - Wikipedia
Probablement le film que vous êtes dispensés de voir car il est mal ficelé.

2 étoiles

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Bandits bandits ou Time bandits – 1981

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L’un des excellents films de Terry où des nains jardiniers de Dieu, ont dérobé une carte à ce dernier leur permettant de voyager d’une époque à une autre afin de dérober des Trésors….ils embarquent un gamin dans leur aventure. Le film explose visuellement dans tous les sens, c’est inventif, très drôle, très fun, du pur Gilliam.

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« Dans tous mes films, il y a l’idée d’une traversée du miroir. J’essaye toujours d’aller au-delà de la surface de la réalité et de comprendre de quoi il retourne véritablement »

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Monty Python, le sens de la vie – 1983 - co-réalisé avec Terry Jones

Probablement une conclusion en apothéose des délires de la bande des Monty Python avec cette série de sketches décousus dans leur fil directeur sauf qu’ils traitent de la vie de la naissance à la mort. C’est du grand n’importe quoi et c’est surtout très très drôle, mention spéciale au sketch dans le restaurant, complètement délirant. Le film obtient le Grand Prix Spécial du Jury du festival de Cannes 1983, ce qui est hyper rare qu’une comédie soit récompensée à Cannes.

Alors il y a débat depuis 35 ans pour savoir si le titre de réalisateur doit être attribué à Terry Jones seul ou aux deux Terry. Il est vrai que Terry Gilliam a claqué une bonne partie du budget sur le premier sketch farfelu et poétique « the Crimson Permanent Insurance » où de vieux assureurs se rebellent contre leurs jeunes patrons carnassiers et transforment leur immeuble en gigantesque bateau pirate. Le reste du film a été en effet dirigé par Terry Jones mais avec un Terry Gilliam s’occupant de toutes les scènes à effets spéciaux, or il y en de partout ! Bref, en pratique ils ont co-réalisé le film, ce qui amène les principaux sites (Rottentomatoes, imdb, Métacritic, Allociné) à considérer qu’il s’agissait bien d’une double casquette, comme sur sacré Graal.

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Brazil – 1985

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C’est bien entendu le chef d’œuvre de Gilliam, inspirée de « 1984 » de Georges Orwell et « Le Procès » de Kafka, adapté par Orson Welles dont Gilliam est un fan absolu. Fritz Lang et son Métropolis ou le samouraï façon Akira Kurosawa sont aussi des inspirations de Brazil. Le personnage principal se confronte à la réalité et prend conscience de l’essentiel en rêvant et en s’affranchissant de la folie bureaucratique et dictatoriale dans laquelle la société est plongée. L’humour absurde et cynique des Monty Python est présent mais Gilliam y apporte aussi la poésie ou le cauchemar de ses visions. Gilliam parle de l’anonymisation des êtres dans un système totalitaire, ou chacun se fond dans un moule et perd sa responsabilité individuelle. 

Gilliam se battit une réputation de rebelle à Hollywood, refusant qu’on lui impose une fin ne correspondant pas à sa vision du film. Pour cela il ira acheter une pub dans Variety demandant à Universal de sortir son film tout en prenant à partie la presse et le public.

Si vous n’avez pas vu Brazil, réparez cette erreur absurde… Il fait partie de l’histoire du cinéma.

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Les Aventures du baron de Münchausen - 1989

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C’est sur ce film que la réputation de réalisateur maudit s’installa pour Gilliam, ce dernier dépassant largement le budget qui finira à 46,5 millions de dollars au lieu de 23,5 ! Le film sera un flop à sa sortie. Et pourtant il est très très bon. C’est là aussi du Gilliam pur jus et l’un de ses films à voir de toute urgence pour son humour, son imaginaire novateur, féérique, fantaisiste, poétique et son ode à la force du rêve et des conteurs d’histoires.

4,5 lapins

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The Fisher King – 1991

Terry Gilliam signe un très beau film sur la rencontre de deux êtres en quête d’un Graal, la rédemption, pour l’un d’un cynique arriviste et pour l’autre d’un utopiste. Jeff Bridges et Robin Williams excellent tous les deux.

J’ai vu le film trois fois et à chaque fois je le trouve meilleur. Un film d’une grande sensibilité et d’une poésie très fine.

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L’armée des 12 singes – 1995

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Terry Gilliam signe son second chef d’œuvre avec cette adaptation du court métrage La Jetée de Chris Marker. Un homme, joué par Bruce Willis, est envoyé dans le passé, en 1996, pour tenter de comprendre et d’arrêter la propagation d’un virus mortel qui a décimé la quasi totalité de l’humanité. Brad Pitt trouve un de ses premiers rôles marquants en héritier complètement fou. Gilliam utilise ses lentilles si particulières déjà usitées dans Brazil. Le film devient rapidement un étalon de science fiction et demeure aujourd’hui l’un de mes films préférés de Gilliam.

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Las Vegas Parano – 1998

Las Vegas parano - film 1998 - AlloCiné

Cette adaptation du livre autobiographique d’Hunter S. Thompson est devenue un classique pour bien des cinéphiles alors que le film a divisé à sa sortie, traumatisant même Gilliam, qui pour la première fois en compétition à Cannes, se faisait descendre. Pour ma part, il s’agit de l’un de ses très grands films où il réussit à capter les effets hallucinatoires des drogues avec un Johnny Depp au sommet de son art, méconnaissable et un Benicio Del Toro dans le rôle de son avocat tout aussi barré, qui pris 20 kg en quelques semaines pour le rôle.

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4,5 lapins

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Les frères Grimm – 2005

Achat Les Frères Grimm en Blu Ray - AlloCiné

Terry Gilliam accepta ce film de commande pour se refaire une santé après le tournage avorté du Don Quichotte de 2000 dans des conditions cataclysmiques. Hélas les frères Weinstein furent fidèles à leur réputation de ne pas respecter les artistes, de vouloir tout contrôler et imposer leur montage. Il trouva le moyen de s’engueuler sévère avec deux des producteurs les plus influents d’Hollywood. Son film est au final bancal, avec quelques très bonnes scènes et d’autres plus plates, le rythme global donnant au film un style chaotique et foure tout qui peut décontenancer. Mais les décors superbes, le jeu du duo Matt Damon/Heath Ledger et l’humour de Gilliam font mouche. Surtout, le film a très bien vieilli et s’avère meilleur à chaque visionnage comme beaucoup de Gilliam, la richesse de son style pouvant  parfois désarçonner.

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Tideland – 2006

Achat Tideland en DVD - AlloCiné

Si le film a été boudé par la moitié de la presse et n’a eu aucune chance de marcher au cinéma faute d’une distribution correcte, il est pour moi une excellente réussite et une prise de risque pour le cinéaste. Il y raconte comment une enfant se retrouve abandonnée en pleine campagne après les décès successifs par overdose de ses deux parents junkies. Et là, Alice au Pays des merveilles rencontre Psychose sous extasy. Terry va nous conter une histoire sombre et nous décrire comment un enfant a la puissance de transformer son environnement par l’imaginaire, avec trois bouts de ficelle, réussissant à survivre dans son monde en réalité augmentée. Un très grand film incompris qui sera je l’espère redécouvert.

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4,5 lapins

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L’imaginarium du Docteur Parnassus – 2009

L'IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS (2009) - Film - Cinoche.com

C’est probablement la fois où je me suis le plus senti connecté à Terry Gilliam. En effet, alors que Heath Ledger meurt en plein milieu du tournage, et alors que je connais le scénario d’origine, j’imagine que la seule solution est de changer d’acteur à chaque fois que le personnage passera à travers le miroir du docteur Parnassus pour aller dans un monde imaginaire. Et Terry poursuit le tournage quelques semaines plus tard avec cette idée et trois acteurs, Johnny Depp, Colin Farrell et Jude Law. Hasard total. Le résultat est troublant et le film extrêmement réussi. C’est comme si Gilliam avait voulu livrer un film testament, un film somme au cas où il ne pourrait plus jamais tourner. C’est vrai qu’après une décennie de problèmes, l’auteur avait une vision sombre de la nature humaine et ceci transparait dans le film. Le pouvoir de l’imaginaire est toujours au centre car il nous explique que tant que l’on peut rêver, créer, le temps ne peut vous assaillir. Cet aquarium de l’imaginaire est plein comme œuf d’idée surréalistes, de références artistiques à tout ce qui a pu l’influencer. Cette richesse, j’ai tenté d’en faire la première critique de mon blog, de ce blog, le Blanc Lapin, en novembre 2009 et vous pouvez retrouver cette première critique en cliquant ici.

14Dec09_Parnassus_LedgerL'Imaginarium du Docteur Parnassus - Artistikrezo

4,5 lapins

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The Zero Théorem – 2014

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C’est sans doute l’un des plus mauvais films de Terry Gilliam. En effet, cette dystopie ne peut nous empêcher de renvoyer à Brazil, bien meilleur que ce dernier, presque superflu, inutile. Je ne comprend pas pourquoi Terry a voulu mettre en scène ce scénario sans grand intérêt, plutôt facile. Si la chute avait été une révélation, pourquoi pas ? Mais il n’en n’est rien. Vraiment une grosse déception.

2 étoiles

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« L’homme qui tua Don Quichotte » – 2018

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4,5 lapins

Mon film rêvé, fantasmé depuis 17 ans, dont je parle à tous mes proches car il réunit un scénario génial et mon réalisateur préféré…un film maudit qui a connu 7 tentatives en 17 ans…et bien vous savez quoi ? Son tournage est terminé !« The man who killed Don Quixote » (« L’homme qui a tué Don Quichotte« ) de Terry Gilliam, je vous l’ai annoncé plusieurs fois puisque régulièrement le projet tombe à l’eau et souvent très très près du premier jour de tournage. La dernière fois c’était en octobre 2016, où le producteur portugais s’est trouvé être un menteur et avoir caché jusqu’à trois semaines avant le tournage qu’il n’avait pas réuni les fonds d’où un report…

Le film devrait être présenté au festival de Cannes 2018 et sortir dans la foulée.

Ceci va me faire bizarre même si comme quelques irréductibles, malgré les moqueries d’une bonne partie de la presse ou des gens qui me voyaient croire en ce projet, je n’ai jamais douté.

Mes amis qui subissent mes délires autour du chevalier à la triste figure me disent que fan absolu du projet et de l’œuvre de Terry Gilliam, je serai forcément déçu…Non, je ne crois pas car j’ai toujours pensé que Terry aurait la ténacité et y arriverait. Je crois au renouveau de Gilliam avec ce projet qui l’a presque transformé en l’anti héros de son adaptation libre de Cervantès. Son film a muri, son scénario fera du long métrage son œuvre somme, un film méta sur les affres de la création et l’important d’avoir des rêves et de ne pas les lâcher. Ceci peut être très puissant. Espérons…

Don Quichotte sera interprété par Jonathan Pryce, son héros de Brazil. Pour lui faire face, Adam Driver (« Star Wars, les derniers Jedi« , « Paterson » de Jim Jarmusch).

Et pour celles et ceux qui ne connaitraient pas l’aventure de Terry Gilliam sur son Don Quichotte, je vous renvoie à mon dossier très complet sur le sujet.

Voici ma critique que vous pouvez lire ici. Fort heureusement, le film n’est pas décevant.

Extrait : « Je suis non seulement heureux d’avoir accompagné par l’esprit durant 20 ans cette œuvre, heureux que ce funambule m’ait donné un fil directeur et des géants à combattre pour pimenter mes rêveries et mon quotidien. Heureux enfin que le film existe, qu’il puisse désormais vivre pour lui et non plus pour la légende de sa production…qu’il puisse vieillir comme un bon cru et acquérir les lettres de noblesses qu’il ne manquera pas de conquérir comme bien d’autres films de Terry Gilliam, pas toujours compris à leur sortie. « Aujourd’hui est une magnifique journée pour l’aventure »… pour la première fois depuis 20 ans elle se fera sans fantasmer « L’homme qui tua Don Quichotte » et ça fait un peu bizarre, j’avoue. Une page se tourne et l’émotion vient car le message du film est plus que présent mais d’autres moulins s’annoncent au loin et au final, c’est le principal… »

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