« La révolution silencieuse » de Lars Kraume – critique du Blanc Lapin

Critique rattrapage pour ce film sorti en mai dernier et qui mérite d’être vu dans les sorties de cette année.

Basé sur une histoire vraie, le film est sidérant de par son histoire en elle-même et le fait de partir d’un évènement mineur, une blague de lycéens pour arriver à l’engagement politique et au courage de se dresser contre une oppression absurde.

Dans la RDA de 1956, Kurt, Theo et Lena vont passer le bac à la fin de l’année. Ils arrivent à convaincre leur classe de faire une minute de silence en hommage aux révolutionnaires hongrois que l’armée soviétique vient de violemment réprimer.

Cette initiative va vite devenir une affaire d’État car elle est synonyme de rébellion et ceci ne peut exister de l’autre côté du mur. Les élèves vont alors être confrontés à la folie des adultes, prêts à user des pires méthodes pour les monter les uns contre les autres et les faire avouer, se dénoncer entre eux.

Toute la force du film de Lars Kraume est de commencer par un ton léger, anodin, où ces étudiants vivent certes dans un état policier mais n’ont pas l’air malheureux. Ils flirtent et ont des projets, et même s’encanaillent en écoutant en cachette les radios de l’autre côté. Et puis plus le film avance, plus on comprend que les représentants de l’État sont très sérieux dans leurs interrogatoires et leur volonté de faire un exemple, de tuer tout esprit de rébellion dans l’œuf…pire, tout esprit de libre pensée.

Car en l’espace de quelques scènes, le quotidien pas très glorieux mais tout de même heureux de ces gamins faisait oublier ce que l’histoire nous en a appris depuis. Et là peu à peu la terreur des adultes vis à vis du régime qui les menace va se propager à ces jeunes gens qui n’ont que la vie devant eux, sauf si la dictature décide de les briser…pour le simple fait de n’avoir rien dit durant deux minutes de cours. Une folie des hommes qui fait froid dans le dos lorsque l’on sait que l’histoire s’est réellement déroulée.

Porté par des interprètes tous excellents et inconnus du grand public, « La révolution silencieuse » est un très beau film de résistance, qui se vit avec suspens. La trahison est faite règle d’État et la soumission le seul échappatoire que les adultes apprennent à leurs enfants. On y voit des allemands honteux du nazisme, devenus paranoïaques à force de vouloir oublier l’indicible en se laissant serrer dans les bras d’un autre monstre.  L’idée du thriller pour accélérer le récit est captivante.

La piste aux Lapins :

3,75 lapins

 

Laisser un commentaire