« Douleur et Gloire » de Pedro Almodovar – Critique du Blanc Lapin
Pedro Almodovar pourrait remporter la Palme d’Or avec ce grand film, lui qui court après depuis si longtemps et s’est vu snobé si souvent.
Car « Douleur et Gloire » a un atout considérable. Il est à part dans la filmographie du maitre espagnol. Pour une fois il ne s’intéresse pas à des femmes comme personnages principaux mais à lui. En signant un film très autobiographique, il aborde sa masculinité et sa propre vie avec une grande finesse.
Almodovar parle donc d’un cinéaste célèbre qui vit reclus chez lui et a perdu l’envie et l’inspiration.
Il donne à son double fictif le visage d’un de ses plus fidèles acteurs, qu’il a fait découvrir il y a 30 ans, Antonio Banderas.
Ce dernier est d’une classe folle pour 58 ans et donne au personnage toute la fatigue d’une vie de douleurs physiques et de maladies mais surtout de dépressions chroniques. Il est parfait dans le rôle et véritablement super attachant même quant il est ignoble d’égocentrisme artistique.
Les flashs back avec son enfance sont autant de pépites qui rythment l’explication de la construction de son imaginaire de cinéaste. On y retrouve une grande nostalgie jamais mièvre. Bien au contraire, ces souvenirs sont les racines de cet être qui regarde son passé en prenant de la hauteur et fait le bilan d’une vie. Il fait également la paix avec cette mère solaire qu’il a déçue, dont il s’est éloigné avec la célébrité. Elle est interprétée par Pénélope Cruz, autre actrice phare d’Almodovar, comme une évidence.
Le personnage se réconcilie avec un ancien amant perdu de vue depuis vingt ans et se réconcilie avec son parcours. « Douleur et Gloire« est un film extrêmement mature, moins pétillant que d’autres œuvres du cinéaste mais plus profond, tout en conservant son style connu mondialement.
Le film est généreux, intelligent, drôle parfois, il parle de l’inspiration, rend un très bel hommage au cinéma et s’offre même une conclusion de film méta qui créé une boucle et une fin excellente. Le dosage de son histoire est parfait, il n’y a aucune longueur, aucun dialogue ou personnage de trop. C’est un long métrage délicat, tout en retenue, tout simplement brillant de profondeur.
Le film marque longtemps après son visionnage et devient instantanément l’un des grands monuments de sa carrière. Parfois on parle de chef d’œuvre trop vite. Je ne le ferai donc pas même si vraiment, çà me démange. Mais je serais très surpris que le film ne marque pas sur la durée.
La piste aux Lapins :
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