Cannes 2019 : une superbe Palme d’Or pour l’immense Bong Joon-ho
Le festival de Cannes 2019 fut visiblement un excellent cru et permet à Thierry Frémaux d’effacer le loupé considérable de 2018 où il laissa partir nombre de bijoux de 2018 à Venise et Toronto pour renouveler les cinéastes en compétition. Pas de bol, les films n’étaient pas à la hauteur. En rejouant la sécurité et en invitant près de la moitié de la sélection officielle avec des cinéastes confirmés, il a retrouvé ce qui fait le sel d’une bonne sélection à savoir un mixte entre grands noms et nouveaux venus.
Le « Douleur et gloire » de Pedro Almodovar a été récompensé pour la superbe interprétation d’Antonio Banderas mais on pourra regretter qu »il n’ait pas eu un plus grand prix, surtout lorsque l’on lit la presse sur Atlantique, Le Jeune Ahmed des frères Dardenne ou Little Joe qui n’ont visiblement pas enthousiasmé la critique.
Et puis les Dardenne c’est un peu lourd, à chaque fois ils reçoivent un prix là où Almodovar se fait squeezer…assez injuste lorsque l’on regarde les films a posteriori.
Les Miserables de Ladj Ly sera l’un des évènements de la rentrée de l’automne et a vraiment électrisé la croisette et repart avec un prix du Jury visiblement mérité.
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma a lui-aussi plu à nombre de critiques et je l’attend avec impatience. Là aussi on peut regretter qu’il ait eu un prix du scénario et pas davantage au regard de l’engouement autour du film. It must be heaven de Elia Suleiman remporte un prix spécial. J’irai peut être le voir.
Mais une fois n’est pas coutume, le Blanc Lapin exulte de joie pour cette superbe Palme d’Or qui sort le 5 juin et que j’ai super envie de voir.
Parasite de Bong Joon-ho (Memories of Murder, The Host et Snowpiercer, Okja) était l’un de mes films les plus attendus de 2019 et j’ai eu du nez. Il faut dire que le maitre sud-coréen est excellent, c’est l’un de mes chouchous et je ne comprend pas que le grand public ne se bouge pas pour voir ses films. Car Bong Joon-ho est très inspîré du cinéma européen, son cinéma un un style polymorphe absolument génial, et c’est souvent plus de l’ignorance qu’autre chose quand des gens me disent « oui mais c’est avec des asiatiques« . Au secours !!!!! Ouvrez vos yeux et votre horizon, le cinéma sud-coréen et sa nouvelle vague irriguent de chefs d’œuvre le cinéma mondial depuis si longtemps. Enfin une palme !!! Et ce cinéma est en plus très grand public, intelligent, malin, drôle. Courrez y bordel !!!!! C’est une magnifique palme, populaire si le public décide d’être un peu curieux et de se bouger le cul, de faire l’effort. Ceci donnera peut-être envie de découvrir d’autres bijoux du même auteur ou de Park Chan Wook et Kim Jee-Woon, les deux autres grands cinéastes suds-coréens du moment.
Comme chaque année de nombreux films ont été oubliés mais ce n’est pas très grave, c’est le jeu et au moins cette année la sélection officielle a été selon l’avis de tous d’un excellent niveau.
On retiendra Matthias & Maxime de Xavier Dolan pour lequel le jeune prodige a visiblement retrouvé son talent perdu sur son film américain. La presse était plutôt enthousiaste avec bien sûr ceux qui détestent son style, moins appuyé sur ce dernier.
Le Once Upon A Time in Hollywood de Quentin Tarantino a surpris tout le monde car il est parait-il particulièrement mélancolique et moins drôle mais aussi plus profond que les autres œuvres du maitre. En tout cas l’accueil fut excellent et on a hâte de le découvrir mi août, probablement remonté et rallongé.
Terrence Malick est revenu en grande forme avec « Une vie cachée » qui traite de la résistance en Autriche et renoue avec une narration là où Malick avait perdu beaucoup de spectateurs au cours de ses quatre derniers films. Impatience à son comble de retrouver le maitre. Côté mise en scène toujours, Le lac aux oies sauvages de Diao Yinan a visiblement impressionné. The Dead Don’t Die de Jim Jarmusch a lui déçu et c’est vrai que c’est un film mineur. Sorry We Missed You de Ken Loach a comme pour toutes ses dernières apparitions du maitre anglais, divisé entre ceux qui aiment Loach et les autres. Mais la presse était globalement très bonne. Je vous recommande Sibyl de Justine Triet, très réussi (cliquez sur le titre pour la critique). Abdellatif Kechiche a choqué la croisette et s’est fait siffler.
Palme d’or
Parasite, Bong Joon-ho
Grand Prix
Atlantique, Mati Diop
Prix de la mise en scène
Jean Pierre et Luc Dardenne pour Le Jeune Ahmed
Prix d’interprétation féminine
Emily Beecham pour Little Joe
Prix d’interprétation masculine
Antonio Banderas pour Douleur et gloire
Prix du scénario
Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu
Prix du jury
Ex-aequo Les Miserables de Ladj Ly et Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles
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