Les meilleurs films du Blanc Lapin : N°25 à 11

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L’année 2020 a été terrible à bien des égards. Les salles de cinéma ont beaucoup souffert tout comme l’ensemble des métiers liés au septième art. Et pourtant, malgré quasi la moitié de l’année avec des salles fermées, malgré le décalage à 2021 de nombreux blockbusters et films d’auteurs de renom, le cru 2020 n’est pas si mal que celà.

Alors vous me direz, mais où as tu vu tous ces films ?…question que j’ai eu un paquet de fois ;) ))

Et bien outre les 50% du temps où les salles étaient ouvertes, la VOD a fonctionné comme refuge de sortie de certains longs métrages ne pouvant attendre une sortie décalée d’un an. Que ce soit sur des plateformes comme Netflix, Amazon ou Prime vidéo ou que ce soit sur des plateformes de streaming payant dédiées au ciné.

Et donc au final, évidemment il y a de grands absents qui étaient attendus, mais la sélection qui suit a une sacrée gueule compte tenu du contexte. Il y a juste moins de films à 4 ou 4,5 lapins sur cinq et aucun chef d’oeuvre à 5/5, ce qui est logique.

Mais j’ai vu 81 films sortis et diffusés en 2020 (ce qui est ma règle de visionnage critique sur Le blanc Lapin). L’an dernier en 2019 c’était 90 longs métrages soit pas tant que celà en plus et j’étais sur une année quasi reccord.

Bref, la diversité artistique fut tout de même au rendez-vous et de qualité.

Voici le classement du 25ème au 11ème meilleur long métrage du blanc lapin 2020.

 

N°25 – « La voie de la justice » de Destin Daniel Cretton

Disponible en VOD – sorti au ciné

La Voie de la justice VF | Dbserie.com

Le pitch : Le combat historique du jeune avocat Bryan Stevenson.  Après ses études à l’université de Harvard, Bryan Stevenson aurait pu se lancer dans une carrière des plus lucratives. Il décide pourtant de se rendre en Alabama pour défendre ceux qui ont été condamnés à tort, avec le soutien d’une militante locale, Eva Ansley. Un de ses premiers cas – le plus incendiaire – est celui de Walter McMillian qui, en 1987, est condamné à mort pour le meurtre retentissant d’une jeune fille de 18 ans. Et ce en dépit d’un grand nombre de preuves attestant de son innocence et d’un unique témoignage à son encontre provenant d’un criminel aux motivations douteuses. Au fil des années, Bryan se retrouve empêtré dans un imbroglio de manœuvres juridiques et politiques. Il doit aussi faire face à un racisme manifeste et intransigeant alors qu’il se bat pour Walter et d’autres comme lui au sein d’un système hostile.

« La voie de la justice » fait partie de ce genre de film d’enquêtes et de procès où il est révélé au public des injustices profondes hallucinantes. C’est un genre en tant que tel aux USA et récemment le très bon Dark Waters suivait le scandale écologique du téflon.

Ici le thème est encore plus fort puisque Destin Daniel Cretton s’intéresse aux condamnés à mort noirs, jugés sans preuves par une institution raciste, des policiers qui les arrêtent, aux témoins manipulés pour finir par des juges uniquement intéressés par le fait de trouver un coupable. Le récit du film, basé sur une histoire vraie, est sidérant et suffit à lui-seul à justifier le visionnage. On entend souvent parler de cette justice à deux vitesses mais avec un film, au ton juste, bien interprété, forcément, ceci vous arrache des pincements et des révoltes. On comprend mieux cette situation héritée de l’esclavagisme puis du Klu Klux Klan et le gap énorme qu’il reste à accomplir. Et ce ne sont pas les évènements récents de bavures policière ayant entrainé la mort d’un innocent, qui vont calmer ce feu.

Michael B. Jordan et Jamie Foxx sont impeccables comme d’habitude.

Évidemment on peut reprocher au film la platitude de sa réalisation, très classique, mais bon nombre de spectateurs retiendront le fond, salvateur et nécessaire d’une plus grande prise de conscience en Europe.

La sincérité de ce plaidoyer contre la peine de mort ne peut pas vous laisser insensible. Après, ce témoignage désarmant atteint ses limites par une mécanique déjà vue et maintes et maintes fois dans des films plus puissants.

La sobriété évite le mélo qui aurait pu plomber le film mais anéantit également toute prise de risque dans cette mise en scène. Certes le cinéma c’est fait pour raconter des histoires et témoigner mais tout le problème est le comment et au final c’est important. M le Maudit de Fritz Lang a traversé le temps depuis les années 30 alors qu’il parlait du lynchage et de la peine de mort pour un tueur d’enfant. Et le film qui était violemment contre la peine de mort est resté actuel et moderne parceque Fritz Lang l’a magnifié par ses choix de mise en scène, de découpage, de rythme.

« La voie de la justice » est donc un bon film à voir car son thème et son jeu sont réussis mais il ne traversera pas le temps.

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N°24 -  « The current war » de  Alfonso Gomez-Rejon

Disponible en VOD – pas de sortie ciné

The Current War - film 2017 - AlloCiné

« The current war » est sorti en 2017 aux USA, accueilli par une presse pas très cool, avant d’être remonté par son réalisateur et de voir sa note réévaluée à 60% sur Rotten Tomatoes (agrégateur critique).

Mais que s’est il passé avec ce film au très bon casting et au thème passionnant ?

Le film revient sur la compétition que se livrèrent deux géants de l’industrie électrique, Thomas Edison, joué par l’excellent Benedict Cumberbatch et George Westinghouse, joué par l’excellent Michael Shannon. A ce duo s’ajoute Nicholas Hoult qui interprète Nicholas Tesla et prouve de nouveau qu’il a du talent. On aimerait juste qu’il trouve des premiers rôles inspirés même si il accumule les bons seconds rôles (X-men first class, X-men days of future past, Mad Max Fury Road, The banker, Young ones, La favorite).

Alors comment expliquer cet accueil critique ? Le film est très bien interprété, la reconstitution et de qualité et la joute entre les deux industriels est réellement hyper intéressante. Probablement le premier montage manquait-il de punch. Je ne sais pas, je n’ai vu que le second. En tout état de cause, « The current war » ne mérite pas le traitement qu’il a reçu et se doit d’être réhabilité.

La suffisance et l’égo d’Edison sont à la fois tempérés par son génie et le sort qui s’acharne sur lui et son personnage arrive à nous toucher alors qu’il n’a rien d’attachant. Mais son histoire le rend humain, par ses faiblesses, ses petitesses et le film garde un grand intérêt dans cette définition de la concurrence dans ce qu’elle peut avoir de pernicieux, écartant un individu de certaines valeurs alors qu’à la base il les défendait. Certes, on pourra reprocher de faire de Westinghouse un parangon de vertu un peu trop facilement dessiné. Mais l’intérêt du film est de parler de morale, de respect dans un univers concurrentiel et professionnel et le message est intéressant. Peut-être que la culture américaine est moins sensible à ce type de fil directeur.

Le film n’a pas une patte de réalisateur visionnaire, sa mise en scène reste assez classique. Mais l’intérêt de l’histoire m’a véritablement captivé et si le film n’est pas mémorable en tant qu’œuvre qui fera date, il vaut le détour et un visionnage tant pour l’ambiance historique et la fébrilité de ces découvertes qui ont révolutionné le monde que pour le jeu inspiré des acteurs et la toile de fond de cette bataille industrielle.

C’est donc une bonne surprise que de découvrir enfin ce film qui a sui un bashing quelques peu exagéré.

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N°23 – « Honey Boy » de Alma Har’el

Honey Boy - Film (2019) - SensCritique

Disponible en VOD – pas de sortie ciné

Ce biopic est centré sur le comédien Shia LaBeouf, qui n’a seulement que 33 ans et a défrayé la chronique par ses excès, son alcoolisme et ses addictions aux drogues après avoir tourné dans les blockbusters comme I, Robot, Transformers, Indiana Jones et le Rayoaume du Crane de Cristal avant de se tourner  vers du cinéma indépendant comme Nymphomaniac de Lars Von Trier, ou des happenings Arty.

A première vue on pourrait se dire que c’est un peu tôt et qu’on n’en n’a un peu rien à foutre de cet acteur certes doué mais qui n’a pas brillé dans de grands films.

Sauf que le long métrage en question est écrit par lui-même et s’intéresse à son enfance d’enfant star, qui commença tout petit à tourner dans des séries et des publicités, managé par un père en recherche de revanche sur la vie.

Le film est très déstabilisant puisqu’il parle de ce père totalement looser, qui a fait fuir sa mère et est à peine sorti de ses problèmes d’alcool et de drogue.

Cet ancien vétéran du Vietman n’a rien d’empathique. On se demande si il aime son fils ou si ce dernier est sa planche de salut et sa planche à billets pour vivre. On ne sait pas, il est impénétrable dans sa pseudo virginité sortie de sa cure de désintoxication.

Cette scène où son fils lui reproches de se servir de lui pour vivre et lui dit qu’il souhaite le licencier, est juste lunaire. Shia LaBeouf y exprime un cri sincère contre cette enfance gâchée, où il n’a pas pu vivre comme les autres gamins, instrumentalisé par ce père à moitié braque et obnubilé par la réussite de son fils à Hollywood. Au delà du cas des enfants stars et du côté malsain de ces parents qui se font de l’argent sur leur progéniture, Honey Boy prend un parti mitigé et donc troublant.

L’acteur est sans concessions pour ce père souvent dur et égoïste mais il lui a pardonné et cette catharsis s’est faite en écrivant le film. Il l’explique d’ailleurs. Pire, il interprète son propre père, ce qui rajoute une dimension décalée au long métrage. On y voit également tous les ravages de cette éducation où la drogue était monnaie courante avec un père fier de ses plantations et faisant fumer son fils de 12 ans. Les ravages également de l’alcool sont présents ainsi que cette addiction quasi génétique liée à une éducation reproduite de génération en génération.

« Honey Boy » est donc troublant mais vraiment réussi tant le recul qu’a Shia LaBeouf sur son parcours mérite le respect et l’intérêt.

C’est un bon film, poignant et rude. Une belle réussite.

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N°22 – « La Fille au bracelet » de Stéphane Demoustier

Disponible en VOD – sorti au ciné

La Fille au bracelet - film 2019 - AlloCiné

Le pitch : Lise, 18 ans, vit dans un quartier résidentiel sans histoire et vient d’avoir son bac. Mais depuis deux ans, Lise porte un bracelet car elle est accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie.

L’impassible adolescente au cœur du récit fascine par ce qu’elle cache et sur lequel on ne sait si c’est de la culpabilité, de l’absence d’empathie ou le simple détachement d’une adolescente par rapport à une situation d’une gravité absolue qui se déroule devant nos yeux. Son avenir et sa vie sont en jeux et pourtant elle ne fait rien pour convaincre le jury de son innocence.

Melissa Guers est à ce titre parfaite et tête à claque comme peut l’être une adolescente tête brulée qui ne veut rien entendre du monde des adultes.

Roschdy Zem et Chiara Mastroianni jouent des parents largués face à cette enfant qu’ils ne comprenant plus et qu’ils découvrent en même temps que le jury et le public de la cour d’assises. La violence des révélations et le côté cru de ses relations sexuelles alternent ce film de prétoire et lui donnent un suspens à chaque scène. La prévenue est trop mutique pour être innocente mais après tout le réalisateur nous surprend à nous montrer ce que c’est que la vraie présomption d’innocence ou nous tendant un miroir dans lequel ces préjugés sont clairement établis.

Le réalisme du sujet est ancré par l’alternance de scènes de familles entre les audiences et du déroulé des débats. Ce huis clos austère rend hommage à la justice française et au travail de chacun, du procureur au juge en passant par les avocats impliqués dans ce théâtre aux enjeux absolus pour la personne dans le boxe des accusés.

La subtilité de la mise en scène et du scénario font de « La Fille au bracelet » un long métrage très bien maitrisé de bout en bout. Surtout, le film traite de l’émancipation par rapport au monde de l’enfance tout autant que de la résolution par la justice d’un cas peu anodin.

Le spectateur est déstabilisé par le flou volontairement entretenu autour du caractère de la jeune femme et de ce qu’elle a réellement commis.

Une très bonne réussite française du 1er semestre 2020.

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N°21- « Jojo Rabbit » de Taika Waititi

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Disponible en VOD – sorti au ciné

Taika Waititi  est un réalisateur iconoclaste, quelques peu surestimé en ce moment mais vraiment doué. Son film  »Jojo Rabbit » est un très bel objet empli d’émotion et de messages salutaires sur l’acceptation de l’autre.

Il adapte la même approche que « La Vie est belle » en se mettant à hauteur d’enfant.  Jojo est un petit allemand qui croit dur comme fer au nazisme et qui a comme ami imaginaire un Adolf Hitler de pacotille, aussi grotesque que nauséabond.

L’histoire aurait pu être maladroite et casse gueule et c’est la grande réussite du film que d’avoir su éviter des clichés, des facilités, et de prendre le spectateur par l’humour et l’émotion avec un dosage très fin. Forcément le film interroge de par son approche qui consiste à ridiculiser les nazis comme Chaplin le fit dans Le Dictateur. Ce n’est certes pas nouveau de vouloir se battre contre des préjugés racistes et immondes par l’humour mais ce qui inquiète davantage, c’est qu’en 2020, on trouve ceci de nouveau « original ». N’a t on pas un peu perdu de notre second degré dans ce monde très puritain et très violent où les avis se confrontent ou se jugent sans aucune nuance ?

« Jojo Rabbit » a cet immense atout qu’il est désarmant de sincérité et de justesse et que même si le film n’est pas un très grand moment de cinéma, inoubliable et bouleversant, il rappelle de façon salutaire l’une des missions du septième art. Curieusement, il fait réfléchir non pas à sa thématique principale même si un bon coup sur le pif des fachos n’a jamais rien de superflu, mais il convient donc de le re-contextualiser dans notre vingtième siècle qui s’est particulièrement tendu depuis cinq ans, y compris dans les discussions et échanges de tous les jours. A tel point que certaines évidences ne le sont plus et que de plus en plus de gens trouvent çà normal ou pire, bienvenu, ou sont fatalistes devant l’arrivée de l’extrême droite au second tour d’une présidentielle. On en oublie l’historique du parti en question et tout un discours ambiant de rejet de l’autre accompagne cette montée vraiment flippante. Évidemment, ce n’est pas que français et c’est donc grave.

La normalisation de l’inacceptable est donc tournée en ridicule. Le ridicule et l’humour sont une arme imparable pour se moquer de ceux qui croient de sombres personnages, une efficacité dont « Jojo Rabbit » use avec brio.

Ce joli doigt d’honneur aux escrocs racistes qui cherchent à modeler les esprits fait tout simplement chaud au cœur. La générosité de Taika Waititi, servie par de très bons acteurs, permet au film de décoller. Le film est donc plus complexe qu’il n’y parait et cette satire pleine d’espoir vaut vraiment le coup d’être soutenue.

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N°20 – « Les Sept de Chicago » de Aaron Sorkin

Netflix

Une première bande-annonce pour Les Sept de Chicago - POPKULT

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Netflix a racheté ce projet initialement porté par Steven Spielberg, « The Trial of the Chicago 7 » et qui a atterri dans les mains de Aaron Sorkin, scénariste de The Social Network, A la maison Blanche ou Steve Jobs.

Ce dernier a réalisé son premier film avec « Le grand jeu« , avec Jessica Chastain en 2018.

Le film raconte le procès de sept personnes accusées de conspiration par le gouvernement après des manifestations anti guerre du Vietnam. Ces manifs furent organisées à l’occasion de la Convention démocratique de Chicago en 1968.

Sacha Baron Cohen ne surprend pas particulièrement mais il assure dans son rôle d’activiste cynique et perturbateurs aux côtés Jeremy Strong (Kendall dans l’excellente série Succession), méconnaissable et d’un casting 4 étoiles composé de Eddie Redmayne, Joseph Gordon-Levitt, Michael Keaton, et Mark Rylance (Le Pont des espions).

Les Sept de Chicago est bien réalisé et surtout bien monté, en mode film de procès, style en soit qui a toujours plu aux américains. Forcément depuis « 12 hommes en colère« , chef d’œuvre du genre, qui a été suivi par bien d’autres, on se dit à chaque fois que l’on risque de s’emmerder. Sauf que Aaron Sorkin mène très bien son suspens, en scénariste de génie qu’il est, alternant flashs backs au moment des émeutes pour sortir de la salle, debriefings des activistes le soir et procès lui même.

Il use de la force des dialogues, très bien ciselés, de la joute verbale et du tragi-comique de situations hallucinantes où l’on voit un juge incompétent, borné et réactionnaire dérouler une parodie de justice.

Si cette histoire fait froid dans le dos tant elle n’est pas si vieille que cela, on regrettera juste que Aaron Sorkin n’ait pas une patte à lui en tant que metteur en scène. Il s’efface trop derrière la force de son récit et de son scénario et le talent de ses acteurs et c’est ce qui fait que le film est très bon et vaut la peine d’être vu mais qu’il ne passe pas le 4 lapins …

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N°19- « Les filles du Docteur March » de Greta Gerwig

Disponible en VOD – sorti au ciné

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Cette 4ème adaptation du roman « Les quatre filles du Docteur March » comportait à peu près tout pour me désintéresser dont le côté gentillet de l’histoire et son happy end super relou. Mais c’était sans compter sur Greta Gerwig, qui au delà d’être une excellente actrice, s’est transformée en réalisatrice de talent avec Lady Bird. L’épouse et muse de Noah Baumbach (Marriage Story, Frances Ha) a un don pour l’empathie qu’elle donne à ses personnages, il est vrai joués par de jeunes et talentueux comédiens. Elle retrouve sa fidèle et hyper douée Saoirse Ronan en garçon manqué au caractère combatif et bien trempé et offre un rôle plus effacé à Emma Watson, et un rôle empli de contradiction à l’excellente Florence Pugh (the Young Lady).

On suit la fin de leur adolescence où l’argent n’est pas toujours là et comment une famille de femmes se sert les coudes, avec un casting de seconds rôles brillant composé de Meryl Streep et Laura Dern, décidément très en forme depuis son rôle dans Big Little Lies. Et puis il y a Timothée Chalamet, le chéri des jeunes femmes, qui cartonne depuis Call me by your name (on le verra cette année dans le Dune de Denis Villeneuve et dans The French Dispatch de Wes Anderson). Et il faut bien l’avouer, il joue super bien et il est balaise le gamin. Son personnage est à la fois agaçant et très touchant. C’est un peu le cinquième March du film.

Au delà de cette excellente direction d’acteurs, Greta Gerwig axe son film sur le combat de jeunes femmes pour avoir des droits, celui de gagner sa vie, d’être indépendantes et de ne pas que dépendre des hommes et du mariage à l’époque de la Guerre de Sécession. Cette relecture est pertinente et justifiée car elle est incroyablement moderne et prend du recul sur ce qui a été accompli et ce qu’il reste à accomplir pour l’égalité des sexes. Et puis évidemment elle narre cette fin de l’enfance, lorsque l’on doit faire des choix, se prendre en main et se jeter dans le grand bain, sur une thématique proche du premier film de la réalisatrice, Lady Bird. La nostalgie du cocon et la difficulté de s’en couper sont brillamment retranscris.

La tendresse de la réalisatrice pour ses personnages et l’intelligence des thématiques qu’elle pousse masque en partie mais pas totalement le côté plombant des valeurs morales du livre. Il n’en reste pas moins un film féministe d’une grande fraicheur pour débuter cette année 2020.

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N°18- « Invisible Man » de Leigh Whannell

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Disponible en VOD – sorti au ciné

L’homme invsible est l’un des monstres cultes d’Universal. Il a été adapté de nombreuses fois au cinéma, la dernière version datant d’il y a 20 ans avec un Paul Verhoeven pas au meilleur de sa forme. Pourtant, avec ce film de bonne facture, Universal peut se frotter les mains et se dire que ses fameux monstres que le studio cherche à ramener sur grand écran avec difficulté (échec de la Momie avec Tom Cruise etc…) ont peut être trouvé le bon angle. Au départ Universal voulait filer le rôle de Frankeinstein à Javier Bardem, celui de Docteur Jekyll et Mister Hyde à Russell Crowe, celui de l’homme invisible à Johnny Depp…et donc un 1er rôle à Tom Cruise dans un film la Momie qui s’est grave vautré artistiquement et financièrement.

Ici, l’homme invisible est joué par un illustre inconnu et c’est vrai qu’on s’en fout car on ne le voit pas, par définition. Pas con ! Haha.

Ensuite le concept reprend celui de Verhoeven à savoir un chercheur complètement taré qui découvre comment devenir invisible. Sauf que le film de Leigh Whannell (repéré pour le sympathique Upgrade) se centre sur la victime et c’est  tant mieux. Car qui de mieux que Elisabeth Moss pour interpréter une femme aux abois terrorisée ? Certes de mauvais coucheurs trouveront qu’elle joue comme dans la série The Handmaid’s Tale qui l’a rendue célèbre. Bon ce n’est pas faux, et ceux dont les mimiques avec les gros yeux inquiets sont gavés le seront peut être ici également. Moi, perso, ceci n’a m’a pas dérangé, du tout.

Le suspens est très bien découpé, avec très peu d’effets spéciaux au début et un jeu de dupe et d’ambiance absolument réussi ou comment créer de la tension avec rien.

Le film est malin, surprend au bon moment et fait palpiter les cœurs, ce qui est quand même l’objectif numéro un. Mais là où le scénario est très bon, c’est qu’il hume l’air du temps, la dénonciation salutaire des violences conjugales et un monde post #MeToo. Il fait de son héroïne une victime de ce Mal tout puissant qui peut harceler jusqu’à la folie perverse. Impossible de ne pas penser à tous ces prédateurs, invisibles et à leur manipulation pour faire passer les victimes pour des menteuses et retourner l’accusation.

La grande force de ce « Invisible Man«   est que personne ne l’attendait et qu’il surprend agréablement par ce qu’il a à raconter. Un très bon thriller.

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N°17- « Le goût de la haine » de Jan Komasa

Netflix

Le Goût de la haine - film 2020 - AlloCiné

Désolé de critiquer autant de films Netflix en ce moment mais il se trouve que dans la pénurie de sorties intéressantes au cinéma, seule cette plateforme sort des productions originales cet été.

Mais pour une fois, c’est un très bon film, réalisé par un talent à suivre de près, Jan Komasa, à qui l’on doit l’un des meilleurs films de l’année sorti au cinéma, l’excellent « La Communion« .

Le réalisateur polonais de 38 ans est en train de se faire un nom et c’est amplement mérité.

« Le goût de la haine »  (Hejter, hater) suis un jeune homme sans scrupules qui pour se venger d’être un exclu de la réussite sociale et universitaire, va travailler dans une entreprise qui diffame sur les réseaux sociaux et détruit des réputations d’influenceurs ou de politiques. Les méthodes utilisées sont effrayantes et Komasa a eu deux excellentes idées.

La première est son acteur, qui tout comme dans celui de « La Communion« , porte le film, notamment via un regard entre tristesse et détermination. Là où Bartosz Bielenia dans « La Communion » était solaire, Maciej Musialowsk est sombre et on a du mal à déterminer dans quelle mesure la réelle souffrance qu’il a subie toute sa vie peut creuser sa détermination.

Sa seconde bonne idée est d’utiliser l’univers du jeu vidéo interactif, utilisé par des terroristes, complotistes et fous dangereux à travers le monde. C’est la première fois que je vois cet outil mis en avant dans un film et utilisé avec une grande qualité de rendu graphique.

L’endoctrinement via les réseaux est d’actualité tout comme le bashing sans limites et d’une violence inouïe que des anonymes déversent avec haine via ces outils. La puissance destructrice des haters tout comme l’absence de morale de certains community managers de l’ombre font vraiment froid dans le dos.

Le personnage principal rejeté car pas de la bonne classe sociale, pas avec la bonne tête va donc trouver la réalisation de son ego dans cette manipulation. La toute puissance appartient à celui qui maitrise dans ce monde où les attaques virulentes et sans bornes se font masquées derrière des profils anonymes voire des sociétés qui s’en chargent. Le pouvoir qu’il va y trouver va contenter ses frustrations, ses humiliations passées car il peut agir caché.

L’hypocrisie et la bienveillance à options de ses protecteurs nantis, qui s’achètent une conscience en étant généreux, est également très bien décrite. Avec finesse, Jan Komasa explique cette condescendance de gens bienpensants mais qui ne manquent de rien face à des individus paumés, largués et faibles face à la facilité des extrêmes, du rejet de l’autre. Une nuance de gris bienvenue lorsque la morale affronte le vide.

C’est donc un film d’actualité à double titre via le décryptage du fonctionnement et des modes opératoires du hating d’une part et l’endoctrinement fascisant de paumés vivant dans la misère intellectuelle de l’autre.

« Le goût de la haine » confirme la naissance d’un très bon réalisateur.

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N°16- « Tout simplement noir » de Jean-Pascal Zadi et John Wax

Tout simplement noir : que pensent les critiques du film de Jean ...

Disponible en VOD – sorti au ciné

On ne pouvait pas rêver meilleur film que « Tout simplement noir », un mois et demi après le lancement du mouvement #blacklifvesmatter et alors que des manifestations ont eu lieu partout dans le monde, y compris en France.

Jean-Pascal Zadi choisit l’humour pour faire passer son message et c’est sacrément efficace car il le fait en se moquant des propres excès d’un certain communautarisme tout en pointant du doigts l’essentiel.

Le personnage qu’il interprète est un acteur raté et sans talent qui veut organiser une grande marche noire en France pour dénoncer l’esclavagisme, l’absence de visibilité dans les médias et la discrimination des blancs.

Mais il est surtout pétri de clichés sur les noirs, ne connaissant pas les dates importantes, et balançant des énormités aux personnalités noires qu’il rencontre pour les convaincre de rejoindre sa marche.

« Tout simplement noir » est déjà très drôle, ce qui est loin d’être une habitude dans les comédies françaises.

Il joue la provocation et c’est vraiment marrant avec son casting de stars jouant leur propre rôle et se moquant d’elles mêmes avec un second degré ravageur. Fary joue l’humoriste entrepreneur et cynique, plus intéressé par son image que par le fonds, mention spéciale à sa fausse bande-annonce de film noir engagé (« Black love »). Lilian Thuram, Claudia Tagbo, JoeyStarr, Fabrice Eboué, Lucien Jean-Baptiste, Eric Judor, Ramzy Bedia, Jonathan Cohen, Mathieu Kassovitz, Soprano et bien d’autres s’envoient des répliques bien corrosives qui rappellent la diversité dans la diversité et tordent le cou à l’intolérance de classe ou de milieu. Le film, en prenant les choses avec recul, livre au final un message bien plus profond qu’il n’y parait. La plupart de ces stars ne se définissent pas avant tout comme noirs là où le personnage va jusqu’à exclure les femmes noires par machisme ou refuser la main tendue d’artistes arabes ou juifs par pur aveuglement identitaire.

Le fait de démonter tout un tas de clichés tout en rappelant l’horreur de l’esclavagisme, de la colonisation et le manque de diversité est un vrai tour de force. Surtout Jean-Pascal Zadi et John Wax le font avec finesse et dénoncent l’identitarisme dans ce qu’il a de plus con.

Le brio du film est donc de ne pas s’essouffler dans son concept d’aller de star en star vanter les mérites de cette marche mal pensée et avec des fondements très légers. Chaque rencontre est une occasion de faire exploser une idée reçue soit par les noirs soit par la population dans son ensemble. Les incohérences et paradoxes du personnage sont mis à mal et le ridiculisent tout en faisant émerger sa sincérité et ce qu’il y a de vrai. La scène avec Omar Sy, très courte soit elle, montre qu’il se trompe de cible.

« Tout simplement noir » use de burlesque et de folie, de répliques hilarantes et arrive à atteindre son but grâce à cette satire de clichés vus par une communauté qui déjà n’est pas une communauté mais plusieurs.

Le film est jubilatoire tout en apportant de la complexité à l’identité noire à la française.

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N°15- « Swallow » de Carlo Mirabella-Davis

Swallow : Photos et affiches - AlloCiné

Disponible en VOD – sorti au ciné

Le pitch : Hunter semble mener une vie parfaite aux côtés de Richie, son mari qui vient de reprendre la direction de l’entreprise familiale. Mais dès lors qu’elle tombe enceinte, elle développe un trouble compulsif du comportement alimentaire, le Pica, caractérisé par l’ingestion d’objets divers. Son époux et sa belle-famille décident alors de contrôler ses moindres faits et gestes pour éviter le pire : qu’elle ne porte atteinte à la lignée des Conrad… Mais cette étrange et incontrôlable obsession ne cacherait-elle pas un secret plus terrible encore ?

Bon, je vous rassure, le film est regardable sans scènes dégueulasses, ce qui m’avait perso un peu rebuté avant. Le film Carlo Mirabella-Davis est vraiment original de par son thème. Il nous parle d’un gamine américaine qui a rencontré le prince charmant, beau comme un Dieu, richissime et qui va reprendre la boite de son père. Elle est belle, il est beau, les parents leurs ont payé une baraque qu’on ne voit que dans magazines. Oui mais cette femme a un secret et c’est ce dernier qui provoque chez elle la maladie de Pica, où elle ingurgite sans pouvoir s’en empêcher de multiples objets dont certains sont très dangereux.

Ainsi nous voyons devant nous cet American way of life se craqueler et se détruire au fur et à mesure que l’on comprend d’où viennent ses troubles. Il y a ce secret et il y a aussi cette vie atroce de prisonnière, de femme soumise à la maison, juste bonne à faire le ménage, la cuisine et faire l’amour avec son beau gosse de mari pour le contenter quand il est fatigué.

Le réalisateur filme ceci dans un décors de rêve mais d’une froideur et d’un manque de personnalité flippants auxquels il ajoute des touches chromées de couleurs pastel qui fixent bien l’ambiance étouffante dans laquelle elle évolue. Elle croit avoir atteint la sécurité mais c’est un leurre.

Dans cette monomanie où elle ingurgite comme pour combler le vide de son existence et se détruire en même temps, le personnage est terriblement seul. Le côté papier glacé de sa vie de famille et le cocon faux cul de ses beaux-parents donnent le tournis. Derrière les faux semblants bienveillants, le réalisateurs dépeint une Amérique à deux vitesses sans jamais montrer celle qui est à l’arrêt soit une très grande subtilité dans son propos. Les racines nous rattrapent toujours et il ne sert à rien de les nier, il vaut mieux s’y confronter et régler ses problèmes pour avancer ailleurs, dans une direction que l’on s’est choisie. C’est un peu la morale forte de l’histoire mais elle détaillée autour de ce personnage très silencieux à qui son entourage a tout retiré. Elle n’a pas de personnalité car on veut qu’elle soit une belle poupée qui coche tous les codes sociaux et s’y plie en silence. La scène du restaurant est, parmi d’autres, une scène extrêmement bien réussie avec un minimum de forme. Les silences du film sont d’ailleurs en général emplis de messages.

La maîtrise formelle de ce premier film et son message sont donc très réussis.

« Swallow » est visuellement élégant. Il dresse le portrait d’une rébellion métaphorique face aux traumas d’une jeune vie mal entamée mais aussi d’un monde aseptisé qui ne la laissera pas trouver son chemin.

Un très bon film.

La piste aux Lapins :

4 étoiles

 

N°14- « 1917″ de Sam Mendes

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Disponible en VOD – sorti au ciné

Sam Mendes est l’un des grands réalisateurs hollywoodiens, qui a signé les magnifiques American Beauty, Les Sentiers de la perdition et Les Noces rebelles avant d’être accaparé par James Bond et ses deux énormes succès critiques et publics que furent Skyfall et Spectre.

Et c’est son ami Steven Spielberg qui l’a sorti de son repos de cinq ans pour produire 1917, film de guerre où son talent de mise en scène impressionne et signe le 1er grand film de 2020.

Sam Mendes a vendu son film sur la promesse d’un long plan séquence à savoir une seule scène que ne s’arrête jamais. Si l’exercice n’est pas nouveau (plus récemment Inarriru optait pour ce concept pour Birdman), et qu’il est en fait un faux plan séquence puisque évidemment le film a été tourné en de nombreuses coupes, le résultat donne une dynamique toute particulière et une immersion totale.

Le réalisateur fait avec son scénariste des choix qui mettent en danger les personnages à tout instant et nous empêchent de nous appesantir, livrant un film de guerre différent, axé sur le suspens. L’histoire suit deux jeunes soldats britanniques, qui sont chargés durant la Première Guerre Mondiale, de porter un message à des lignes avancées pour leur éviter de tomber dans un piège allemand et de se retrouver massacrés.

La course contre la montre est donc rythmée et passe de la journée à découvert aux superbes plans d’un village en feu en pleine nuit, alternant une dizaine de scènes de bravoure.

Ces scènes sont non seulement léchées et liées entre elles par le stratagème de mise en scène mais elles donnent à la guerre toute son horreur et son absurdité par des images plus que par des mots. Le Luxe de détails est impressionnant, que ce soit des tranchées allemandes bétonnées ou du jusque boutisme suicidaire de certains militaires à la folie de ces massacres entre adolescents.

Car Mendes nous montre de très jeunes hommes lancés les uns contre les autres comme de la chair à canon, accrochés à une pauvre médaille pour des raisons qu’ils ignorent. Il ne traite certes pas trop de la vie des tranchées elles même, de l’alcoolisme et des conditions sanitaires puisque les deux héros sont dans une fuite en avant à la fois utopique et impossible sur le papier.

Le réalisateur a évidemment l’intelligence, à la différence de son copain Spielberg, de garder tout patriotisme relou de côté et de bannir tout écart de pathos mal venu. Son film est éclatant et sobre dans les sentiments. Ses moments d’émotion sont d’autant plus précieux qu’ils montre la fragilité d’une vie et montre une mort organique, disséminée au milieu de terres et villages dévastés comme dans un enfer de Dante. Les images de ces corps déchiquetés, abandonnés dans la boue, suffisent à elles seules à illustrer la violence et la boucherie humaine qui ont marqué cette guerre de 14-18.

Au-delà du tour technique dont on parle partout, il ne faut donc pas oublier que 1917 s’articule autour d’un scénario très solide basé sur les carnets du grand père du réalisateur. Le film en devient d’autant plus touchant, avec ce petit fils devenu grand artiste reconnu à Hollywood et rendant à son aïeul le plus bel hommage qu’il aurait pu espérer.

 La piste aux Lapins :

4 étoiles

 

N°13- « Police » de Anne Fontaine

Police - film 2020 - AlloCiné

Sorti au ciné

Anne Fontaine est une réalisatrice pas toujours régulière dans la réussite de ses films mais ce « Police » est une excellente surprise.

Le pitch : Virginie, Erik et Aristide, trois flics parisiens, se voient obligés d’accepter une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Sur le chemin de l’aéroport, Virginie comprend que leur prisonnier risque la mort s’il rentre dans son pays. Face à cet insoutenable cas de conscience, elle cherche à convaincre ses collègues de le laisser s’échapper.

Le film use d’un procédé assez simple, suivre ses trois acteurs principaux et revenir en arrière à chaque personnage pour montrer des scènes déjà vues selon l’angle d’un autre personnage. C’est malin et surtout utilisé sans être lourd et çà ne dure que le temps de nous attacher aux personnages. Ensuite le film entre dans le thème à partir d’une superbe scène d’incendie d’un centre de rétention pour sans papiers. L’impression de fin du monde et d’absence d’ordre et de morale, faisant écho aux périodes sombres de l’histoire, donne à cette scène le rôle de courroie de transmission pertinent.

La force du film réside évidemment dans Omar Sy, Virginie Efira et Grégory Gadebois, tous les trois brillants de justesse, de profondeur, de nuance, un vrai film de personnages hyper bien écrits. On s’attache à eux pour diverses raisons et leurs personnages surprennent à plusieurs reprises.

Et puis surtout, la réalisatrice use du code du thriller, du film romantique ou du film de police sans jamais les souligner avec lourdeur. On passe d’une atmosphère à l’autre, d’un film à l’autre et ceci surprend, à bon escient. Cette diversité de points de vues, de choix de mise en scène sont vraiment excellents. Et il n’ y a aucune scène de trop. 1h39, light et efficace.

Enfin le film s’intéresse moins à la fonction de policier, qu’elle traite avec justesse comme un métier difficile et raide durant le premier tiers, qu’à la morale des personnages, tant privée, professionnelle que citoyenne ou en tant qu’être humain contraint par une règle, un cadre, mais qui a aussi des ressentis, des impressions, un jugement de valeur.

La force du film est qu’il est libérateur dans son propos sans être naïf, sans être revendicatif, sans être donneur de leçons à personnes. Ce n’est pas un film politique mais un film à hauteur d’homme et de femme qui exerce un métier ingrat et ultra codifié.

Un film très intelligent et mature porté par de grands acteurs.

La piste aux Lapins :

4 étoiles

 

N°12- « Light of my life » de Casey Affleck

Light of my Life - film 2019 - AlloCiné

Sorti au ciné

Dans un monde où toutes les femmes sont mortes d’un virus mondial, un père tente de  protéger Rag, sa fille unique, épargnée sans savoir pour quelle raison.

Casey Affleck revient donc en tant que réalisateur et acteur devant sa caméra, après son faux documentaire « I’m Still Here« , en 2010.

Soyons clair, au début on se dit « merde », le film va durer 2 heures, avec quasiment que le personnage du père et de sa fille vu qu’ils fuient le monde pour éviter qu’elle soit kidnappée par les hommes en recherche d’une femme. On se dit aussi que le film va faire redite avec l’adaptation de Cormak McCarthy, La Route en 2009 avec Viggo Mortensen, puisque c’est exactement le même concept, un père et son enfant seuls face à un monde dévasté et dangereux.

En effet la première scène filme le père et sa fille allongés avec caméra les filmant du dessus, et le père raconte une longue histoire à sa fille qui dure 10 minutes !!

Sauf qu’à travers cette scène, deux choses apparaissent. D’abord le film va être d’une grande tendresse sur cet amour sans limite que porte ce père à son enfant. Et à plusieurs moments, l’émotion sera très forte et très sobre, sans éclats, juste le minimum nécessaire, dépouillé, pour vous émouvoir.

La seconde évidence est que Casey Affleck est un bon réalisateur. Il va faire des choix de cadrage très marqués, de longs plans fixes, ou des plans tels des tableaux où les héros prennent une petite partie de l’image et tout le reste est l’immensité de la nature, que ce soit une forêt immense ou une étendue enneigée à perte de vue.

Et ces images, cette réalisation, sont hyper léchés et çà se voit, çà se sent et çà prend peu à peu, servant ce récit de survie qui va prendre corps devant nous.

Ensuite, le film va faire rencontrer d’autres protagonistes mais souvent sans s’attarder sur leurs visages car ce sont les autres, le danger, la nature humaine violente et qui n’a plus rien à perdre puisque l’humanité risque fort de s’éteindre. Et puis parfois il nous montre les visages car ce sont des humains ayant gardé une morale et étant de bonnes personnes. Ce procédé peut sembler caricatural à la lecture de cette critique mais vous ne vous en rendrez compte qu’à la sortie du film, en y réfléchissant.

« Light of my life« est ce genre de film épuré qui vous emporte peu à peu et pour lequel en sortant de la séance vous vous dites que oui, c’était très réussi et avec du caractère, une identité.

La grande différence avec « La Route » est que Affleck a choisi de plus parler d’amour et d’espoir et le film est parfois lumineux là où « La route » m’avait parfois refroidi par son nihilisme sans retour et son côté glauque voyeuriste.

Ensuite le film parle du pouvoir de l’imagination pour survivre en situation d’extrême précarité et d’insécurité permanente.

Il est parfois lyrique et donne au film post-apocalyptique un ton intimiste et délicat surprenant.

Casey Affleck serait inspiré de faire comme son grand frère, et de continuer à réaliser des films.

Quand on a ce talent là, il faut poursuivre.

La piste aux Lapins :

4 étoiles

 

N°11- « Play » de Anthony Marciano

Play - film 2018 - AlloCiné

Disponible en VOD – sorti au ciné

Max Boublil retrouve Anthony Marciano après « Les gamins » et replonge dans les souvenirs des 25 dernières années, souvenirs d’une génération ayant vécu son adolescence dans les années 90 à sa jeune vie adulte dans les années 2000.

Pour se faire, ils osent un stratagème de mise en scène qui aurait pu tenir du gadget et s’avérer hyper rapidement fatiguant.

On retrouve le personnage de Max en 1993, à l’âge de 13 ans, alors que son père lui offre un caméscope. Dès lors il se met à filmer son quotidien, sa famille, ses amis, tout. Et on ne voit à l’écran que ces images de cassettes vidéos.

Ou comment reconstituer le puzzle de 35 ans à travers des images prises pour témoigner de l’instant présent et remontées comme un fil rouge.

Le pari du film est plus que réussi. Le long métrage est particulièrement tendre sans jamais tomber dans le pathos et surtout, il est drôle.

Tous les personnages de cette bande d’ados sont touchants d’autant plus qu’on les voit grandir sous nos yeux, avec un peu de la magie qui marchait dans Boyhood de Richard Linklater, à la différence près que les acteurs changent. Mais le choix de ces derniers est hyper bien casté.

La nostalgie fonctionne à fond les ballons et vise juste. En fait le film est juste et transpire la sincérité de la part de cette équipe et déstabilise par l’émotion qu’il apporte avec finesse et intelligence.

Ces faux rushs sont criants de vérité et ont beaucoup de charme. Une excellente surprise.

La piste aux Lapins :

4 étoiles

 

La suite du classement très vite….

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