Peter Van Kant de François Ozon – critique du Blanc Lapin

 

C’est la seconde fois que François Ozon rend hommage à Fassbinder, 22 ans après Gouttes d’eau sur Pierre Brulantes.

Ozon nous parle à nouveau d’amour compliqué entre un réalisateur à succès et un jeune éphèbe ambitieux qui couche avec lui par intérêt.

Sauf que le réalisateur gros et libidineux incarné avec malice par Denis Menochet, va s’inventer une histoire sincère et sublimée comme au cinéma alors que le jeune homme ne promet rien et couche avec la terre entière sans sentiments particuliers.

De ce personnage pathétique de gros éléphant pétri d’ego et de violence mais extrêmement seul au final, Denis Menochet tire un grand rôle à mille lieues de ses prestations habituelles. Isabelle Adjani rayonne en amie actrice star et fait du Isabelle Adjani et c’est parceque son image iconique colle si bien au personnage que Ozon l’a castée.

Le jeune Khalio Garbia joue le mec « salope » très bien lais son rôle n’a rien de surprenant. Plus curieux est celui de Stefan Crepon, vu en jeune prodige informatique dans « Le bureau des légendes ». Loin de son précédent rôle de geek il ne dit pas un seul mot du long métrage et imprègne pourtant de ses grands yeux montrant l’admiration pour son patron bourreau tyrannique voir son amour caché et maltraité. Le personnage est paradoxalement un spectateur médusé de la pièce de théâtre dont on ne sait qu’à la fin ce qu’il pense de l’ogre mégalo qu’il sert tel un esclave consentant.

Car le film de François Ozon n’essaie pas de cacher l’origine théâtrale du film et demande même à ses acteurs de surjouer à certains moments pour rappeler de façon meta le matériau d’origine et lui rendre hommage.

Le coup du huit clos n’est pas nouveau chez Ozon mais appliquée à un monstre dominateur qui devient la proie d’un manipulateur et de ses propres sentiments, ses propres chimères, le film prend une tournure vraiment réussie.

Un Ozon de très bonne facture.

La piste aux Lapins :

Cet article a été publié le 10 juillet, 2022 à 14:01 et est catégorisé sous Films - critiques perso. Vous pouvez suivre les réponses à cet article par le fil RSS 2.0. Vous pouvez laisser un commentaire. Les trackbacks sont fermés.