« Sans filtre » de Ruben Östlund – critique du Blanc Lapin

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Ruben Östlund repart donc avec une seconde palme d’Or, 5 ans après The Square.

Les deux films ont en commun d’être excessifs et caricaturaux et de jouer la provoc à 2000%.

On aime ou on déteste. Pour ma part j’avais peu adhéré à sa critique du monde artistique de l’art contemporain dans The Square que j’avais trouvée un peu facile et cherchant la scène qui choque pour mieux percuter le spectateur tout en ayant un discours un peu creux, qui s’avérait bien moins révolutionnaire que la forme.

On peut faire à peu près les mêmes reproches de facilité à Triangle of Sadness ou « Sans filtre« .

Östlund se moque des ultra riches en dépeignant leur quotidien qui est loin de faire rêver à travers des scènes assez marrantes sur cette croisière où on sent que tout va exploser. Et c’est donc une explosion de vomis et de caca qui va avoir lieu sous nos yeux incrédules avec un Woody Harrelson perché en commandant marxiste qui assène à ses passagers ce qu’il pense du capitalisme d’aujourd’hui et de ses excès.

Tous les clichés sont passés en revue, du vendeur d’armes sans scrupules, aux influenceurs top models radins et intéressés mais sans réel sentiment l’un pour l’autre. Et évidemment face à eux, l’équipage qui se mets dans tous ses états pour convenir à leurs désidératas les plus absurdes afin d’empocher peut-être un gros pourboire. Et lorsque l’accident de vomis arrive, on se croirait dans Le sens de la vie des Monty Python, avec moins de talent. Alors il est vrai que c’est drôle et très honnêtement les délires scatos ne sont pas si choquants, on en a vu d’autres. C’est vrai que le réalisateur aurait gagné en classe en appuyant moins cette partie du film. On a compris. Surtout, c’est drôle au début mais il se complait un peu dans ces scènes dont il se sent très fier.

C’est d’ailleurs le problème de ce réalisateur qui se regarde beaucoup filmer en pensant rigolard au choc qu’il provoquera.

Sauf que c’est potache et que çà revendique assez peu de choses au final. Ce n’est pas subversif du tout.

Après le film et sa dernière partie distrayante mais très scolaire dans son propos se regardent avec plaisir.

C’est gentiment régressif et çà se veut acide alors que c’est un peu attendu. J’ai passé un bon moment quand même et çà m’a fait rire.

De là à lui filer une palme ! Une seconde en plus ! Non vraiment le réalisateur a trouvé la formule pour plaire aux jurys bien pensants du festival en leur donnant l’illusion de récompenser un film disruptif alors qu’au final on l’aura très vite oublié comme rigolo mais banal.

C’est assez pathétique et on peut s’interroger sur la pertinence du jugement critique de ces professionnels du cinéma. Certes certains ultra riches peuvent effectivement s’acheter des bonnes consciences en finançant parfois des œuvres caritatives (sauf que d’autres ont quand même des valeurs) mais les ultra introduits dans le milieu cinématographiques peuvent aussi parfois s’acheter une bonne conscience en récompensant des films faciles sur la lutte des classes.

Le message est lourdingue mais allez-y c’est marrant. Disons que c’est un film dans l’air du temps, sans aucune nuance et qu’on zappera très vite comme on zappe les images sur Instagram en se persuadant qu’on est quand même écolo.

La piste aux Lapins :

3,5 lapin

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