« Mascarade » de Nicolas Bedos- critique du Blanc Lapin
1 novembre, 2022Si « Mascarade » fait beaucoup penser à certains thrillers américains c’est que Nicolas Bedos s’en est fortement inspiré. Trop ? Je ne sais pas. Disons que le film tient la promesse de sa bande-annonce avec un jeu de dupe par deux jeunes arnaqueurs qui vendent leur corps à des gens plus âgés.
Pierre Niney et Marine Vacth sont excellents dans leurs rôles. Certes Marine Vacth en fait peut-être un peu trop dans la femme fatale qui se fout de tout et brûle la vie par les deux bouts mais ceci correspond au personnage de femme traitée comme un bout de bidoche et qui a sa revanche à prendre sur les puissants, en leur faisant payer le prix.
Le personnage de Niney est lui aussi plus ambigu qu’on aurait pu le craindre et c’est ce qui fait une partie du charme du scenario de Nicolas Bedos. Rien n’est blanc ou noir, tout est gris.
Ainsi Isabelle Adjani se voit offrir un rôle à la mesure de son icône en ex star de cinéma déchue, que la vie n’a pas épargnée et qui n’accepte pas sa vieillesse. Le rôle et dur mais parfaitement joué par l’actrice, qui a du se délecter à être cruelle avec sa propre image. Bedos en joue et c’est tant mieux. Mais surtout, il ne fait pas du personnage une sympathique victime, là aussi c’est plus nuancé et c’est tant mieux. Quant à François Cluzet, il est parfait en vieux bourgeois crédule qui pense qu’une bombasse de 30 ans est tombée folle dingue de lui et qui va courir droit à sa perte.
Le film est donc porté par un très bon casting et divertit comme promis grâce à une mise en scène fluide, probablement la meilleure de Bedos à ce jour.
L’amoralité et la cruauté du film sonr assez différents de ce que l’on peut voir dans ce type de films grand public pour retenir l’attention et saluer l’effort d’écriture du réalisateur. C’est efficace sans surprendre totalement mais c’est bien fait.
La piste vaux lapins :
« La conspiration du Caire » de Tarik Saleh – critique du Blanc Lapin
1 novembre, 2022Un peu à la manière d’un Nom de la rose dans un contexte musulman, « La conspiration du Caire » brille par l’intelligence de son scénario, axé sur un rythme et un suspens de tout instant qui pèse sur ce héros malmené, ballotté par le pouvoir militaire en place tout comme les religieux.
Le réalisateur suédois Tarik Saleh, interdit de séjour en Égypte et on comprend pourquoi on voyant le film, signe un thriller de grande tenue qui tout en commençant très doucement explique comment l’Égypte mêle politique et religion de façon très archaïque.
L’individu pèse au final très peu. La vie humaine a une valeur toute relative face à des enjeux d’un cynisme déconcertant. Le rôle du général de Fares Fares, chargé de l infiltration, est très nuancé et d’une morale baignant dans un gris vraiment intéressant.
Mais Tarik Saleh n’oublie pas le spectaculaire pour autant au sein de cette université religieuse al-Azhar, monde à l’intérieur de la ville et du pays.
La mise en scène accompagne ce jeu de manipulation, de complots tout en délivrant un message politique fort sur l’écart entre les puissants et une population tenue dans sa misère par la religion.
« La conspiration du Caire » est à la fois original, politique et divertissant, un très bon film.
La piste aux lapins :
« Wendell And Wild » d’Henry Selick – critique du Blanc Lapin
31 octobre, 2022« EO » de Jerzy Skolimowski – critique du Blanc Lapin
31 octobre, 2022Auréolé d’un très bon accueil en compétition officielle à Cannes cette année, ce film qui suit les errement d’un âne à travers son regard d’animal est à la fois déconcertant et frustrant.
Déconcertant car le concept est fort en lui-même que de décrire la souffrance et la condition animale à travers le regard de ce dernier, sans parole oui quasi aucune, les humains étant en interaction mais pas les personnages principaux.
Déconcertant également car Jerzy Skolimowski a un talent de mise en scène indéniable et rend l’épopée de cet âne intéressante de par ses choix de visuels et de montage.
Le problème est que ce road movie animalier laisse un curieux mélange d’inachevé. Les scènes s’enchainent les unes aux autres sans réel lien que le hasard et se terminent souvent avec un but trop déterminé pour justement correspondre à du simple hasard. Ceci rend l’épopée un peu toc et un peu trop écrite.
En parallèle l’animal n’est absolument pas traité avec anthropomorphisme et ses réactions sont animales et non raisonnées. C’est totalement compréhensible dans le choix mais ceci créé un manque d’empathie et d’attachement pour l’âne en question, dont on finit par se foutre royalement.
Cette narration très formelle vire alors à un exercice de style un peu maladroit et trop appuyé pour retenir l’attention.
Le film vise à côté de son objectif et c’est dommage.
La piste aux Lapins :
James Gunn (Les gardiens de la Galaxie) deviendra président des studios DC
31 octobre, 2022
James Gunn est le réalisateur ultra hype des deux « Les gardiens de la Galaxie« .
Mais l’histoire des vieux tweets qui lui étaient reprochés et qui ont amené Marvel et Disney à le virer par puritanisme primaire ont eu de lourdes conséquences.
Le réalisateur star a d’abord fait une infidélité à Marvel suite aux dissensions avec la firme pour réaliser The Suicide Squad , second film adaptés des super vilains et surtout film pour l’écurie concurrente DC COMICS (Batman, Superman, Wonderwooman, Flash, Aquaman etc).
Le film a été un four au box-office mais a reçu des critiques élogieuses pour son côté décomplexé et profondément débile et délirant.
Puis Jamesz Gunn a été réembauché par Marvel pour terminer sa trilogie et tourner Les Gardiens de la Galaxie 3 qui sortira dans le giron de Disney en 2023.
Seulement voilà, DC COMICS s’est totalement planté il y a 10 ans lorsqu’ils ont voulu copier Marvel et construire un univers étendu autour de ses supers héros. Le revival de la Justice League de Zack Snyder sur HBO Max ne change pas la donne. Il n’y a aucune cohérence entre les films et si Wonder Woman et Aquaman ont surpris et ont été des cartons au box-office, malgré leur qualité franchement pas terrible, la presse était bienveillante, le public était là mais pas de liant fort entre les personnages. Flash, après un développement sur 8 ans pour réussir à sortir et après les déboires judiciaires de son acteur principal Ezra Miller, devrait sortir à l’été 2023.
The Batman de Matt Reeves a cartonné mais ne verra pas de suite avant 2025 et Joker aura une suite mais restera dans son propre univers indépendant.
Et donc James Gunn a été embauché pour donner de la cohésion à tout cela même si The Batman et Joker resteront hors de son scope initial.
Le réalisateur James Gunn et le producteur Peter Safran seront les co-présidents de DC Studios. Ils seront un peu le Kevin Feige des studios Marvel qui a construit l’univers étendu des concurrents.
James Gunn continuera à réaliser des films mais il aura donc la charge d’amener une cohérence éditoriale et artistique entre les divers films hors Batman et les diverses séries produites pour HBO Max.
Il est sous contrat pour 4 ans, énorme challenge !
Henry Cavill retrouve Guy Ritchie en espion anti nazi
31 octobre, 2022Après Arnaques, Crimes et Botanique, et Snatch, le réalisateur Guy Ritchie a retrouvé Jason Statham près de 20 ans après leurs deux films cultes pour le remake du film français le Convoyeur à savoir « Un homme en colère » puis pour le prochain « Opération fortune » , qui sortira en 2023 et réunira Aubrey Plaza, Josh Hartnett et Bugzy Malone et Hugh Grant de nouveau en méchant après son rôle délicieux dans The Gentlemen.
Il faut dire que le réalisateur Guy Ritchie s’est grave planté avec Le Roi Arthur : La légende d’Excalibur, avant de se racheter une bankabilité à Hollywood en tournant l’efficace mais fadasse reboot live d’Aladdin, qui fut un carton. Puis il est revenu à ses premières amours en réalisant le très réussi film de gangsters, The Gentlemen.
Guy Ritchie va cette fois-ci s’intéresser à des espions (ce qu’il avait fait avec Code UNCLE, des agents très spéciaux) britanniques envoyés en pleine Allemagne Nazie dans l’adaptation du roman de Damien Lewis, Ministry of Ungentlemanly Warfare.En 1939, le Premier ministre britannique Winston Churchill décide de créer une milice secrète de douze hommes autorisés à ne rien respecter des conventions de guerre, en sabotant autant qu’ils peuvent l’ennemi de l’intérieur, et en sachant que si ils sont arrêtés, l’Angleterre ne fera rien pour les sauver.
Forcément, on pense aux Douze salopards de Robert Aldrich et à Inglorious Basterds de Quentin Tarantino.
Henry Cavill qui avait déjà joué pour Guy Ritchie dans UNCLE, des agents très spéciaux, jouera donc un espion anti nazi aux côtés de Eiza González.
La Paramount produit le film qu’on imagine fort bien entre les mains épileptiques de Guy Ritchie.
L’immense James Gray sur un biopc de JFK !
31 octobre, 2022
James Gray est le maitre derrière les drames New-Yorkais que sont « little odessa« , « la nuit nous appartient« , « two lovers« . Puis il s’est éloigné de New-York pour la grande aventure avec le très beau « The Lost City of Z« , qu’il mis 10 ans à réussir à produire. Son film de science-fiction Ad Astra, permettait à Brad Pitt d’ajouter en 2019 un nouveau grand rôle après celui obtenu chez Tarantino deux mois avant (Once Upon a Time in Hollywood). Le film était l’une des grandes réussites de l’année alors qu’il était pourtant très attendu et sera l’un des nouveaux étalons de la science-fiction moderne grâce à la beauté de ses images et la richesse des thématiques brassées.
Il sort en novembre 2022 son Armageddon Time, film en partie autobiographique qui suit l’éducation du réalisateur dans le quartier du Queens des années 80. Anne Hathaway, Anthony Hopkins ou le génial Jeremy Strong (Succession) composent le casting adulte de l’un des évènements ciné de fin 2022.
Le maitre va donc changer de style de nouveau en s’attaquant à l’icône John Fitzgerald Kennedy.
Le film suivra la jeunesse du futur président assassiné, ses rapports complexes avec son père despotique. Le film se tournerait dès 2023.
James Gray indique « JFK est une figure qui a captivé le monde entier durant des décennies, en tant que président américain, en tant qu’acteur de la progression des droits civiques et en tant qu’icône culturelle. Mais c’est une occasion unique de mettre de côté le mythe et d’explorer une de ses facettes que nous ne connaissons pas du tout. »
Forcément le projet est ultra excitant.
Angelina Jolie sera Maria Callas pour Pablo Larraín (Jackie, Spencer)
31 octobre, 2022Avec Neruda et Jackie, Pablo Larraín a montré qu’il avait un réel talent pour justement ne pas tomber dans un biopic attendu. Il a un vrai regard, de vraies idées de mises en scène qui mettent l’histoire vraie au service du cinéma et de la mise en scène et non l’inverse. Le poète chilien et Jackie Kennedy ont eu droit à un traitement très classe.
J’étais plus circonspect sur Spencer qui suivait un week end de Lady Di et qui m’a laissé de marbre.
Le réalisateur travaille actuellement sur The True American mais devrait enchainer avec un nouveau biopic, qui commence à devenir présent dans sa filmographie puisque c’est le cinquième !
Il s’agirait de faire jouer à Angelina Jolie le rôle de la cantatrice Maria Callas et qui se concentrerait sur ses derniers jours à Paris, à la fin des années 1970.
Steven Knight, l’excellent scénariste des séries Peaky Blinders, Taboo, ou du film Les Promesses de l’ombre de David Cronenberg sera donc au scénario ce qui est un gage de qualité.
Joaquin Phoenix et Rooney Mara sur une île déserte paradisiaque
31 octobre, 2022
Joaquin Phoenix et Rooney Mara sont mariés à la ville et ont tourné trois fois ensemble dans Her, Marie Madeleine, et Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot.
Lynne Ramsey, la rare mais brillante réalisatrice de We need to talk about Kevin et A beautiful day, souhaite les réunir dans Polaris dont on n’entend plus trop parler, comme nombre de projets de la réalisatrice qui terminent sur une étagère.
Mais c’est un autre metteur en scène de talent qui devrait les réunir auparavant à l’écran.
L’artiste polonais Paweł Pawlikowski, qui nous a livré le magnifique Cold War , un prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2018, tournera The Island.
Et le pitch est hyper intéressant. On y suivra dans l’Amérique des années 30, un couple choisissant de vivre reclus sur une ile déserte afin de s’éloigner de la civilisation.
Mais une comtesse et ses deux amants aux caractères très particuliers veulent s’approprier l’île et y construire un hôtel de luxe gigantesque. C’est alors que le trio va jouer de ruse, de séduction et de manipulations pour arriver à leurs fins.
On est forcément curieux de connaitre le reste du casting.
« Nitram » de Justin Kurzel – critique Vod
16 octobre, 2022Sorti le 11 mai 2022
Son Nitram s’intéresse à la tuerie de Port-Arthur en Tasmanie, en 1996. Le film a marqué Cannes 2021 et son jeune acteur, Caleb Landry Jones est reparti avec le prix d’interprétation !
Alors a priori, çà peut vous rebuter de vous colleter un film de 1h50 sur une tuerie de masse. Et très honnêtement, je ne me suis pas précipité en salles pour le voir car le thème me déprimait grave, alors qu’il en faut pour me déranger. Juste que le côté glauque du pitch ne m’ »incitait pas. L’erreur est réparée fort heureusement car Nitram est excellent et se regarde très facilement.
La raison est simple. Justin Kurzel s’intéresse sur 10 minutes à la tuerie et sur 1h40 à comment le personnage en est arrivé là. Il nous raconte l’histoire vraie d’un trentenaire australien ayant de gros soucis psychologiques et dès lors du mal à s’intégrer, sans amis, vivant chez papa maman morts d’inquiétude et étant incapable de réprimer ses crises d’hystérie à la limite de la folie.
Le film est à la fois perturbant car il ne quitte jamais son anti héros de vue et il ne juge pas, il fait juste des constats. Ce paumé puceau qui n’a pas eu droit à une vie normale de par son handicap est au final enfermé en lui-même et on comprend les ruptures de vie qui psychologiquement vont l’amener à perdre le peu de raison et d’affect qu’il a pour commettre un crime horrible.
Caleb Landry Jones est en effet remarquable de bout en bout et mérite amplement son prix d’interprétation cannois. Son Nitram est flippant car incontrôlable et peut partir en vrille à tout moment mais malgré cet affect très particulier, on arrive non à s’identifier mais à comprendre le milieu social dans lequel il évolue, milieu pauvre, l’injustice qu’il subit et qui va déclencher l’acte, l’histoire d’amour folle qu’il va vivre et qui là aussi va se rompre d’un coup.
L’histoire est assez incroyable quand on pense que c’est une histoire vraie et le rebondissement qui y est liée, qui est horrible puisqu’il aboutit à la tuerie, est juste hallucinant.
On comprend pourquoi le réalisateur s’est attaché à raconter cette histoire qui rend le film à la fois perché, triste et d’un déterminisme absolu puisqu’on connait la fin dès le début.
Un film assez bouleversant car le personnage est enfermé de par son psychisme dans une vie à part alors qu’il voudrait être normal et c’est ce qui va l’amener à tuer ce qu’il ne peut pas être. Glaçant et fascinant à la fois.
La piste aux Lapins :
« En roue libre » de Didier Barcelo – critique vod
16 octobre, 2022Sorti le 29 juin en salles
La folle histoire de Louise qui se retrouve un beau matin, prise au piège dans sa propre voiture, terrassée par une attaque de panique dès qu’elle veut en sortir, et de Paul qui vole la voiture et du coup la kidnappe. Les voilà tous les deux embarqués dans un road-movie mouvementé !
A partir d’un pitch un peu con et d’une base de senario super légère, Didier Barcelo arrive à réaliser un petit film sans prétention mais très attachant grâce à ses deux interprètes. Marina Foïs, qui squate les écrans et diversifie ses rôle dans de très bons choix dont dernièrement (L’Atelier, Le Grand Bain, Une intime conviction, Ils sont vivants, La Fracture, As bestas, L’Année du requin). Ici elle est de nouveau parfaite quand elle fait la gueule et regarde le monde avec son regard mi désespéré mi perdu. Benjamin Voisin, qu’on a découvert dans La dernière vie de Simon et Eté 85 et qui a confirmé tout le bien qu’on pensait de lui dans Illusions perdues, tient la dragée haute à cette grande actrice avec fraicheur.
L’alchimie entre les deux acteurs prend et le ton à la fois grave et léger du film donne beaucoup de charme à l’ensemble.
On n’est jamais vraiment surpris par le film mais la cocasserie des situations est rigolote.
Un bon moment.
La piste aux Lapins :